Gérard d’Hervé vit dans le hameau de La Patrie, à Gandelain. À quelques centaines de mètres de sa maison, des éoliennes pourraient voir le jour d’ici 2018.
Ce projet, près de chez lui, le Gandelainais l’a découvert par hasard. Un jour de l’année 2015, alors qu’il circule en voiture, il aperçoit « deux ouvriers en train d’installer quelque chose dans un champ ». Curieux, il s’arrête et va à la rencontre de ces travailleurs. « Ils m’ont expliqué qu’ils installaient un mât afin de relever la vitesse et la direction du vent pour un éventuel projet éolien. »
Une entreprise lâche, une autre arrive
Intrigué « mais pas forcément contre les éoliennes », Gérard d’Hervé tente d’obtenir plus d’informations. Auprès de la mairie de sa commune d’abord, qui lui indique ne pas être au courant puisque le terrain se situe sur la commune de Saint-Ellier-les-Bois.
Le maire de Saint-Ellier lui a, de son côté, assuré qu’il ne s’agissait que de simples mesures, qu’aucun projet n’était pour le moment lancé, et que si c’était le cas, cela devrait prendre plusieurs années.
« Puis j’apprends dans le journal en juin qu’une réunion d’information sur le projet était organisée à la mairie de Ciral. » Là-bas, Gérard découvre que l’entreprise KDE qui a initié le projet l’a finalement abandonné. « Pourquoi ? », s’interroge-t-il.
Cinq ou six éoliennes
Quoi qu’il en soit, c’est l’entreprise ABO Wind qui l’a relancé. Il est bel et bien en cours, très avancé même, et avec un calendrier précis.
« L’autorisation d’implantation des éoliennes doit être donnée en 2017, le début des travaux est prévu pour début 2018, et l’exploitation à partir de 2019. »
Les éoliennes, au nombre de cinq d’après le projet sélectionné (voir la carte ci-dessous), seraient installées « en plein cœur du parc Normandie-Maine », dont l’avis sur le projet peut être demandé mais ce qui, d’après nos informations, n’est pas le cas. « Elles se situeront à 500 mètres des premières habitations » le long de la route séparant la commune de Ciral et celle de Saint-Ellier, « deux communes qui ont justement quitté le parc Normandie-Maine » en 2008.
Un document administratif annulé
Au fur et à mesure de ses recherches, Gérard d’Hervé a amassé de nombreux documents sur le projet.
Il a notamment découvert que le Schéma Régional Éolien (SRE) de Basse-Normandie, un document préalable à tout projet éolien et qui liste les communes aptes à en accueillir, a été annulé par le tribunal administratif de Caen en 2015.
« Cette décision de justice, ils en font fi puisque le projet est toujours d’actualité. »
De plus, « sur le document de la société ABO, il est indiqué : “il n’y a aucun impact sanitaire des infrasons produits par l’éolien”. Sauf que depuis, un rapport de 2015 du docteur en biologie Nicole Lachat, dit tout le contraire », argumente-t-il.
Nuisances paysagères mais pas que…
« Elles provoqueraient des nuisances sonores et paysagères, mais surtout sanitaires (troubles du sommeil, vertiges) ».
Depuis la lecture de ces documents, Gérard d’Hervé ne considère pas l’implantation de ces éoliennes près de son domicile comme anodine.
« D’ailleurs, des pays comme le Danemark ou l’Allemagne, qui ont massivement investi dans l’éolien, lèvent le pied. Désormais, les autorités demandent que les éoliennes soient implantées à 1,5 km des habitations. »
« Tout cela me donne l’impression que l’on fonce tête baissée, attiré par l’appât du gain, mais sans savoir réellement dans quoi on s’engage. »
” Un lieu inadapté “
Il le répète, Gérard n’est « pas contre les éoliennes ». « Mais l’emplacement prévu n’est pas adapté », selon lui.
« Pour qu’une éolienne fonctionne à 100 % de ses capacités, il faut que le vent souffle à 20 mètres par seconde. Ici, selon les relevés du mât, il souffle à 7,01 m/s en moyenne. Les éoliennes ne fonctionneront donc qu’à 30 % de leur capacité totale. »
De la liste des nuisances, Gérard d’Hervé en ajoute une « à long terme ». Celle du patrimoine. « J’ai consulté des agences immobilières. Avertir qu’il y a un champ d’éoliennes à proximité de sa maison est une obligation ce qui implique des difficultés à vendre. »
Si le projet se concrétise, lui ne verra pas les éoliennes de sa maison. « Mais le mât actuel est visible de Longuenoë, de la Roche-Mabile et des Avaloirs, alors même que les éoliennes pourraient être deux fois plus hautes… »
Vendredi 30 septembre, lors d’une nouvelle réunion publique, il tentera de défendre son point de vue devant les responsables, et espère être soutenu par d’autres riverains. « Mais je ne me fais pas d’illusions. Si la préfecture donne son accord, il sera impossible de faire annuler le projet. »
Vendredi 30 septembre, la mairie de Saint-Ellier-les-Bois organise une réunion d’information de 16h à 20h, pour présenter l’avancement du projet et répondre aux questions des riverains.