Il n’a jamais pensé, ne serait-ce qu’un éclair de seconde, à abandonner. « Jamais ». Lorsqu’il s’est lancé dans la construction de son avion, en 1991, le corbenois Gérard Leconte n’imaginait pourtant pas que ce projet l’occuperait… pour les trois décennies à venir. « Mais le temps passe vite, et j’ai dû arrêter pendant huit ans, de 95 à 2003, à cause de mon activité professionnelle ». Dans son atelier, « Edelweiss » (c’est le nom du modèle) prend forme, doucement, mais sûrement. Un jour, il percera les nuages.
Construction des ailes
L’aéronef est construit à 80 %. Ce qu’il manque ? « Les ailes. Elles sont en cours de montage, mais c’est très compliqué : j’ai eu du mal à me procurer le liquide PRC, qui sert à étanchéifier le réservoir », explique le sexagénaire. L’autre « gros morceau » restant : le train d’atterrissage rentrant à commande hydraulique. Des pièces que l’ex-enseignant en mécanique générale fabrique lui-même : « Je n’achète rien, tout est fait ici ». Hormis le moteur : « Une occasion récupérée sur un autre avion ». Et les sièges : démontés sur une voiturette !
À raison de sept heures de travail par jour (en moyenne), le retraité espère pouvoir voler en 2018. « J’ai pris du retard ces derniers temps, à cause de travaux réalisés dans ma maison », explique celui qui, dans l’Orne Hebdo du 15 janvier 2013, confiait vouloir terminer en 2014.
Gérard Leconte a dépassé la base des 10 000 heures de travail qu’il avait prévu. Mais le projet est pharamineux : « Edelweiss » est un quadriplace de près de neuf mètres d’envergure. « La masse maximum est de 1 010 kg, et l’autonomie de cinq heures ». Avec un tel appareil, le Corbenois pourra rallier Alençon à Madrid, en filant à 275 km/h. Un engin comme celui-ci, dans le commerce, s’achète plus de 200 000 €.