Mardi 30 août, à 14 h 30, la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) de l’Orne avait prévu une action « stickage » sur les produits Lactalis de l’hypermarché Carrefour (à Condé-sur-Sarthe). Mais, un accord sur le prix du lait ayant été trouvé quelques heures plus tôt à la préfecture de Laval, l’opération a été annulée. La présidente de la FDSEA 61, Anne-Marie Denis, a toutefois profité de la présence d’une dizaine de producteurs pour faire le point.
« Depuis trois semaines nous sommes mobilisés pour mettre la pression sur Lactalis, le maître du prix du lait. Pour la première fois, toutes les organisations de producteurs se sont soutenues, ont négocié ensemble face à un géant de l’industrie », rapporte-t-elle.
« Loin d’être rémunérateur »
Des négociations ardues, qui se sont soldées par une demi-victoire : le prix de la tonne de lait est fixé à 290 € en moyenne. « Cette moyenne est valable pour la période août – décembre. Si l’on prend l’année entière, le prix moyen annuel est de 275 € net de flexibilité », ajuste Anne-Marie Denis.
Insuffisant, encore : en face, les coûts de production avoisinent les 290 €, auxquels il faut ajouter les éventuels investissements pour les mises aux normes des exploitations. « Rappelons également qu’un producteur travaille minimum 60 heures par semaine. Face à ce constat, le prix est loin d’être rémunérateur », souligne la présidente.
L’accord conclu est un « minimum admissible », cependant salué par la FDSEA :
« Nous avons félicité les représentants d’organisations de producteurs présents à la table des négociations, nous savons à quel point la tâche est compliquée : sur les marchés mondiaux, les prix sont extrêmement bas ».
La suite ? « Nous demandons une régulation de la production sur le plan européen, et nous allons sensibiliser et alerter les politiques pour obtenir les mêmes conditions d’aides en 2017 », répond la présidente. L’accord du 30 août est donc un « premier pas, qui ne résout pas le problème », résume-t-elle.
Une union qui pèse
« On va continuer à vendre à perte ? », s’inquiète un producteur ornais. « Si vous devez financer des investissements et avez des salariés à payer, oui », déplore la présidente. Mais les récents événements ont tout de même permis une avancée notable : « Les organisations de producteurs sont désormais toutes unies pour peser face à l’industriel. Cette union va durer, elle va permettre d’avancer ».