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Il fait plus facilement entendre le son de l’orgue que celui de sa voix. Pourtant, derrière une intimidante modestie, Jean Daldosso sait se faire intarissable sur le buffet qui entoure le nouvel instrument de la basilique Notre-Dame d’Alençon et au chevet duquel il œuvre depuis trois ans.
Retenu en 2011, à l’issue d’une mise en concurrence qui avait généré six candidatures, Jean Daldosso a dû entièrement créer le nouvel orgue de la basilique. Mais l’orgue n’existant pas sans son buffet (notamment pour des raisons acoustiques), le facteur du Gers a aussi reçu la mission de restaurer celui existant dans la basilique.
Un pincement au cœur à l’heure de partir
Démonté en juillet 2013, ce mobilier du XVIe siècle, inscrit aux Monuments Historiques de France, a pris le chemin de l’atelier de Jean Daldosso, à Gimont. Là, sous le vernis et la teinte sombre, sont apparues « des sculptures d’une finesse incroyable ».
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Face à ce « buffet extraordinaire », Jean Daldosso a donc mis tout son talent à profit pour « concevoir un orgue moderne mais qui s’enracine dans le buffet ». Et pour ce faire, il est allé « chercher dans les racines de cette époque ».
Après trente mois à mener de front la construction de l’orgue et la restauration du buffet, Jean Daldosso a posé ses bagages à Alençon le 21 janvier 2016. Dans ses valises : les 3 174 tuyaux de l’orgue et toutes les pièces du buffet restauré.
Pièce par pièce, avec soin et précision, il a reconstruit l’instrument et son écrin d’origine, désormais teinté d’argent et d’azur. Cette masse claire, dans la nef, se pose désormais comme une nouvelle fenêtre de la basilique.
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« C’est vrai que ça change l’ambiance », sourit humblement Jean Daldosso, en contemplant son bel ouvrage. « C’était une expérience particulière, cet orgue tout neuf », lâche-t-il. « C’est évident que j’aurai un pincement au cœur en partant .»
Mais après 15 000 heures de travail, et à une semaine de l’inauguration de l’instrument, le temps est plus que compté. D’autant que la canicule a quelque peu modifié l’accord général de l’instrument.
« Après le printemps pluvieux, on a connu une période plus stable. Mais, cette semaine, la chaleur a fait travailler l’instrument et le buffet. Les bois ont de l’âge. Ils ont des difficultés à s’adapter ! », détaille le professionnel qui multiplie donc les dernières retouches pour accorder l’orgue.
« L’accord des tuyaux : un travail fastidieux ! »
« L’accord des tuyaux est vraiment un travail fastidieux. Et qui rend sourd ! heureusement que je travaille avec des bouchons ! Mais j’ai vraiment envie de l’entendre sonner cet orgue », convient Jean Daldosso.
Ce sera pour jeudi 1er septembre à 18 h lors du concert inaugural. L’honneur de le faire résonner revient à Thierry Ospital, Parisien de 26 ans, organiste de Saint-Eustache à Paris et organiste résident du nouvel orgue de la Maison de la Radio.
Pour autant, Jean Daldosso n’effacera pas Alençon de ses tablettes. « J’assure un suivi d’entretien de mes orgues deux à trois fois par an ». Avec Valence en Espagne, Rocamadour dans le Lot ou encore Urrugne dans les Pyrénées-Atlantiques, l’Orne figurera donc au menu du pèlerinage du facteur d’orgue, véritable passeur d’émotions.
Plus d’informations dans l’Orne-Hebdo de mardi 30 août 2016.
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