Les grives musiciennes qui égaient les sous-bois sont-elles perturbées ? Quoi qu’il en soit, elles doivent affronter une rude concurrence. Notamment celle de violonistes qui poussent à l’ombre des arbres, avec leur pupitre, leur partition et leur instrument.
A un jet de pierre de là, le temps de suivre un sentier serpentant entre les douglas dans un fouillis vert bien ordonné, c’est la flûte qui laisse échapper sa mélodie. Dix mètres plus loin, un jeune maître pianiste pétri de talent vous emplit les oreilles de sons harmonieux signés Mendelssohn.
Papys verts
Ils sont adolescents ou vétérans de 75 ans autobaptisés « les papys verts ». Ils viennent d’ici (comme Muriel) ou de Montpellier. Et, avec ces devoirs (pas forcés) de vacances, ils occupent une partie de leur été à se perfectionner afin d’améliorer encore leur bulletin de notes. Cette année, ils sont 42 à suivre ce joyeux marathon musical de huit jours où l’on prend son pied au Tapis.
Un chiffre à la hausse. Pourquoi ? « Le bouche à oreille », confie Jean, l’hôte de ces bois qui se réjouit d’accueillir des jeunes : « ils apportent une nouvelle dynamique ».
Des stagiaires étudiants, professeurs d’anglais, etc. Chacun apporte beaucoup de soi et un peu de sa région. Comme le violoniste alto Laurent Pagani, ni professsionnel ni militaire, mais astrophysicien qui, le soir venu, anime une causerie sur un sujet qu’il connaît bien ou partage volontiers les secrets de sa confiture à l’orange. Un homme qui vient et revient « pour la nature et l’ambiance. Et ici quasiment personne ne se prend au sérieux ».
Bien ensemble
Les professeurs (cinq cette année) sont également fidèles, comme Jason Meyer, violoniste franco-américain qui vit à Paris, qui vient de donner cinq concerts en Chine, qui compose des musiques publicitaires (Darty, Nestlé, etc). Il a même composé une sonate-fantaisie de 25 minutes consacrée au merle.
Autre professeur, venu de Rouen : Laurent Dupuis, fidèle depuis vingt-cinq ans, et qui loue l’humain : « il n’y a pas de compétition. On cultive seulement le plaisir de jouer ensemble ».
Du 16 au 24 juillet, le Tapis vert a donc vécu au rythme d’un stage de musique de chambre. Il a commencé par le concert des cinq professeurs, et s’est achevé par trois auditions de deux heures.
Piano, clarinette, trombone, euphonium, etc. Pas d’orgue de Barbarie. Et encore moins de barbarie, ce fléau qui s’épanche ailleurs en France et dans le monde. Au Tapis vert, entre nature et culture, on est bien ensemble, en cultivant un art de vivre empreint de sagesse et de sérénité. La musique adoucit les moeurs. Un médicament naturel dans un monde de malades.
JMF
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