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Agriculture : comment s’adapter au changement climatique ?

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Frédéric Levrault, spécialiste climat, Arnaud Besnard-Bernadac et Jean-Louis Belloche, de la Chambre d'agriculture de l'Orne. -
Frédéric Levrault, spécialiste climat, Arnaud Besnard-Bernadac et Jean-Louis Belloche, de la Chambre d'agriculture de l'Orne.

C’est une question qui inquiète de nombreux exploitants. Si les récentes inondations ont relativement moins touché les exploitations agricoles ornaises, ce genre d’événements « tend à se généraliser », reconnaît Frédéric Levrault, expert climat pour les Chambres d’agriculture. Ce dernier était l’invité de la 3e session annuelle de la Chambre ornaise du mardi 28 juin.

Le changement climatique « a et aura des conséquences sur l’agriculture », dans l’Orne comme ailleurs. « Il est donc important de faire évoluer les pratiques », explique Jean-Louis Belloche, président de la Chambre consulaire basée à Alençon. « Les périodes de récoltes au mois d’août se réduisent, il faut s’adapter », précise-t-il.

Gérer l’inévitable, éviter l’ingérable

Frédéric Levrault justifie son action en quelques mots : « gérer l’inévitable et éviter l’ingérable ». Autrement dit, le monde agricole doit anticiper pour éviter de se retrouver en état d’urgence. « La hausse des températures depuis les années 1970-1980 devrait se poursuivre jusqu’au milieu du XXIe siècle. La suite dépendra de ce que nous allons mettre en place pour nous adapter. »

Une phase d’observation est déjà lancée.

« Outre les températures, les plantes sont des révélateurs du changement climatique. Or nous constatons un rendement en blé qui diminue et des dates de floraison qui avancent. »

Les prédictions sont mauvaises : « poursuite de l’évolution des températures, maintien de la dégression des précipitations, débit de cours d’eau en baisse », décrit le spécialiste.

Bouleverser le calendrier

L’agriculture doit s’adapter au changement de l’environnement.

« Le calendrier agricole devra vraisemblablement être revu. Il faudra décaler les cycles en basculant de l’été vers l’hiver, ce qui implique une nouvelle gestion des stocks par exemple. »

Dans l’Orne, la culture de pommes devra notamment trouver des solutions. « Pendant la période hivernale, les pommiers ont un besoin en froid qui sera de plus en plus difficile à satisfaire. Il faudra travailler sur de nouvelles variétés qui en ont moins besoin. »

Grâce à un partenariat avec le Parc Normandie Maine, la Chambre d’agriculture de l’Orne travaille avec 15 « exploitations pilotes ». Les conclusions de ces tests devraient donner des pistes pour une autre gestion agricole.

Mener deux chantiers de front

L’évolution des usages professionnels est « un sujet à long terme ». Le travail d’aujourd’hui servira probablement plus aux générations futures. Mais il est « urgent d’entrevoir l’agriculture locale de demain », conclut-il.

D’autant que les exploitants devront mener deux chantiers de front. Après la COP21 qui a abouti sur l’Accord de Paris (limitation de l’élévation de la température moyenne mondiale à 2 °C et réduction drastique des émissions de carbone), les agriculteurs pourraient recevoir de consignes pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture. Il faudra donc adapter l’agriculture au réchauffement climatique et dans le même temps limiter les pratiques favorisant ce réchauffement. Des chantiers « pas contradictoires », selon Frédéric Levrault, mais difficiles à mener dans un secteur déjà en crise.

L’Orne pas épargnée par la crise agricole
Lors de la session de la Chambre de l’Agriculture de l’Orne, le président Jean-Louis Belloche tire un terne bilan de l’état du secteur dans le département. « L’agriculture ornaise va mal. C’est une crise importante, durable », lâche-t-il.
Les producteurs laitiers, nombreux en Normandie, subissent des prix trop faibles : « 260 € la tonne de lait contre 320 € l’année précédente. Les agriculteurs ne peuvent pas couvrir le coût de production ». La fin des quotas a fait bondir la production européenne de +8 % faisant s’effondrer les prix.
Le marché bovin n’est « pas bon » non plus. Les revenus « déjà relativement bas » sont en baisse constante, tout comme la consommation de viande (-3 %).
Enfin le prix des céréales est au plus bas depuis 5 ans après une année « abondante » en 2015. L’inquiétude demeure après un excès d’humidité qui retarde les récoltes.
Une lueur d’espoir tout de même : la production avicole « tire son épingle du jeu » notamment depuis l’arrivée du groupe LDC dans l’Orne. Il y a également « des premiers signes positifs » sur le marché du lait grâce notamment à « une forte demande sur le marché du beurre en Chine ».
Le dispositif Agri-aide permet aux exploitations les plus fragiles de recevoir l’assistance de la Chambre d’agriculture : état des lieux, diagnostic et préconisations pour permettre, selon les cas, un redressement de l’activité. En 2015, 152 exploitants ornais en ont bénéficié, soit quarante de plus qu’une année moyenne. Un autre signe du mauvais état du secteur. La moitié était des producteurs de laits.


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