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Mais que devient la ferme de la Berthe ?

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1993. Jésus Le Coguic rachète un imposant domaine. Briante, du nom de la rivière née en Ecouves. Une « ferme modèle » comme Avoise à Radon et la Normanderie à Ménil-Erreux.

Trois monuments édifiés vers 1860 pour la production d’alcool de betterave, et secondairement de céréales et de bovins.

« Un peu une folle aventure », confie le maître des lieux. Il y a un vingt ans, Briante, c’était une quasi-ruine, envahie par la végétation (lierre et sureau notamment), avec des murs noirs de suie, des fenêtres disparues, une bâtisse ouverte à tout vent, des « chiens assis » (il y en a quatorze) s’effondrant parfois. Heureusement, « les murs étaient bien construits ». Il n’y avait que cela de sauvegardable « et un quart du plancher ».

Jésus et son père Gustave se sont retroussé les manches, « en commençant par la toiture, m2 par m2 ».

Atout liège

Aujourd’hui, « on avance comme un escargot mais on avance » : la moitié du bâti a été restaurée, dans l’esprit écologique, avec notamment l’utilisation de liège en plaques et en granulés, un matériau d’un « exceptionnel pouvoir isolant ». Deux gîtes meublés et des studios ont été aménagés.

Qui loue ? Des étudiants mais aussi des ouvriers. Exemple avec des Parisiens sur un chantier durant quatre mois, ravis de fuir les embarras de Lutèce. Car ici, tout est calme et volupté, écrirait Baudelaire invitant au voyage.

Le respect du vivant

Un voyage au pays de la sérénité, où la demeure est sous la protection de deux marronniers en fleurs, probablement contemporains du bâti, où les oiseaux jouent une symphonie fantastique. Nous sommes au pays de la Nature où, manifestement, on n’utilise pas de glyphosate : rien n’est dégagé derrière les oreilles, et la chlorophylle en profite.

Au pays de la Nature naturelle où l’on respecte le vivant, les Le Coguic exploitent une centaine d’hectares, cultivant la différence : épeautre, chanvre, quinoa, sarrasin, soja, millet…

Et cultivant un jardin potager sur lequel veille toujours Gustave, 91 ans.

Avant la mode

Un homme qui n’a pas épousé la mode bio. Il l’a précédée. Un amour qui ne date pas d’aujourd’hui ni d’hier. C’était il y a cinquante ans, l’âge des noces d’or.

« Mes parents, Parisiens, ont eu des soucis de santé. Un jour, quelqu’un a dit à mon père de changer d’alimentation, d’opter pour le naturel et le végétarisme, et d’arrêter la viande ». Gustave avait 20 ans lorsqu’il affronta des problèmes digestifs et dermatologiques. C’était au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À croire que le désordre alimentaire ne date pas d’aujourd’hui.

Gustave a suivi la recette et s’est senti mieux dans son assiette. Puis, à Alençon, les Le Coguic ont créé « le Panier naturel », resté dans les mémoires. Jésus cherchait une ferme : « Briante m’a plu. Notamment les deux marronniers ».

Femme phénomène

Des lieux entretenus dans l’esprit de « ce que nos ancêtres ont voulu » et où plane l’ombre de « la Berthe ».

La Berthe, Perrier de son nom, évoquée dans un inoubliable livre *. Une femme phénomène toujours présente : « des gens qui l’ont connue viennent parfois », confie Annabelle Le Coguic.

Née 1896, la Berthe est décédée en 1988. Elle est inhumée à Semallé. Mais elle semble toujours là, en 2016, à Briante, dans une ferme qui a la mémoire longue.

JMF

* De l’Alençonnaise Joëlle Guillais.


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