« J’ai eu l’idée d’écrire ce livre en 1966 ». À l’époque, Alain Champion a 22 ans. Cinquante ans plus tard, c’est chose faite : Alençon, une cité dans l’Histoire vient de sortir aux éditions de l’Étrave (imprimé à 600 exemplaires). L’ouvrage de toute une vie. Dédié à Jean-Claude Guérin, ex-adjoint à la culture d’Alençon. « C’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier, en 89. Il m’a encouragé. Depuis, je n’ai pas cessé de travailler sur le sujet », confie le septuagénaire.
Rien depuis 1945
Un sujet vaste et ambitieux : depuis Alençon, de René Herval (paru en 1954) « rien n’a été publié sur l’histoire de la ville », rapporte Alain Champion. Et, auparavant, seuls deux autres auteurs se sont penchés sur la question : l’abbé Gautier en 1805, et Pierre-Joseph Odolant-Desnos, en 1787. Pour bâtir son projet monumental, Alain Champion a chiné principalement dans les archives municipales, qu’il connaît parfaitement : il y a été exercé de 1964 à 2004.
« Je me suis documenté pendant des années. En 2005, lorsque je suis parti à la retraite, j’ai fait une pause. Avant de me replonger sérieusement dans mes notes, il y a trois ans », raconte l’ex-archiviste dont la passion pour l’histoire locale est inoxydable.
Alençon, une cité dans l’Histoire (464 pages) propose une traversée des siècles, de la préhistoire à nos jours. Les périodes les plus riches, marquantes ? « 987, date à laquelle les premiers seigneurs de Bellême sont reconnus. Ce sont eux qui ont créé le territoire d’Alençon ». Plusieurs pages sont ainsi consacrées à la famille seigneuriale.
Alain Champion s’attarde aussi sur la période révolutionnaire : « Il y a eu peu d’épisodes sanglants à Alençon. Mais la population vivait dans une grande misère ». La cité a été frappée par la famine :
« Beaucoup de délibérations du conseil municipal autorisaient les agents à aller s’approvisionner en grains et en blé hors des murs d’Alençon, car ici, il n’y avait plus rien ».
Les Alençonnais mangeaient de l’avoine. « Mais il est dit que, s’ils étaient malheureux, ils ne se plaignaient pas ». Sont également évoqués : l’imprimerie, l’industrie toilière, ou le Point d’Alençon. Le septuagénaire mentionne bien sûr la visite de Napoléon, en 1811 : « Ce fut bref, en réalité, il n’est resté qu’une journée ».
Au fil des pages, la documentation se fait plus dense. Mais il n’est pas question d’analyses économiques ou sociologiques : « Je ne suis pas historien mais archiviste. Je me contente du factuel », stipule l’auteur.
9e livre
De nombreuses annexes viennent enrichir l’ouvrage (histoire de Moulinex, armoiries, recensements de la population, communautés religieuses…). Les sources sont multiples (archives municipales, départementales, bibliothèques, articles de presse…) et, en tout, le livre comprend 931 notes de bas de page. Un travail de fourmi, qu’Alain Champion est heureux de voir achevé : « Il y a eu des moments fastidieux », admet-il. L’auteur, qui n’en n’est pas à son coup d’essai (c’est son 9e livre sur Alençon – il a notamment rédigé le Dictionnaire des rues et monuments d’Alençon, paru en 2003) va désormais pouvoir échanger avec ses lecteurs : le premier rendez-vous aura lieu au Salon du livre d’Alençon, les 21 et 22 mai.
La suite ? « J’ai travaillé sur un autre livre, il est presque terminé. Et j’entame la rédaction d’un nouvel ouvrage », annonce le retraité. Le thème : Alençon, bien sûr !
Alençon, une cité dans l’Histoire, éditions de l’Étrave, en vente à la librairie Le Passage, au centre commercial Leclerc et sur www.editions-etrave.fr. 26 €.