La nouvelle est tombée le 24 mars : la classe unique de Semallé (qui accueille 25 CM1-CM2 du regroupement pédagogique intercommunal Larré – Ménil-Erreux – Semallé : en tout, 90 élèves) va être transférée à Larré, à la rentrée prochaine. Une décision annoncée par le directeur d’académie, et motivée par des raisons d’ordre sécuritaire : il n’est plus question de laisser un enseignant seul dans une école. Depuis, parents d’élèves et élus de Semallé sont mobilisés « contre » la fermeture de leur école (ils ont proposé une solution permettant la présence d’Atsem – agent territorial spécialisé des écoles maternelles – aux côtés de l’enseignant, mais elle a été refusée).
Séance extraordinaire
Lundi 9 mai, le conseil municipal s’est réuni pour une séance extraordinaire, à l’issue de laquelle les élus ont décidé de déposer une requête en référé devant le tribunal administratif de Caen. L’objectif : invalider la décision de l’Éducation nationale, et annuler le transfert prévu en septembre. « On a 50 % de chance de gagner. Certaines communes ont obtenu gain de cause sur des cas similaires en France », a annoncé Jean-Patrick Leroux, maire de Semallé, lors de la réunion publique organisée après le conseil municipal, lundi soir. Les élus de Semallé sont accompagnés dans leurs démarches par l’Association nationale de la promotion de l’école rurale.
Le maire peut aussi compter sur le soutien des parents d’élèves : une vingtaine d’entre eux était présente à la réunion publique et a réaffirmé son souhait de conserver la classe dans la commune. « Les locaux sont spacieux, il y a une salle informatique. Les enfants sont bien ici et les temps d’activité périscolaire sont bien organisés. À Larré, les élèves seront à l’étroit », remarque une maman. Une autre s’inquiète de voir « les CE1 mêlés aux CM2 dans la cour ».
Les élus redoutent, eux, les « conséquences désastreuses » qu’entraînera la fermeture de l’école : « C’est le dernier service qui reste dans la commune. Je suis vent debout contre cette décision qui, une fois de plus, favorise les grands pôles et signe la mort de nos écoles rurales », lâche le maire.
« C’est de bonne guerre de vouloir se battre. On sera solidaire », a réagi le maire de Larré, Serge Lambert.
Ménil-Erreux « pour »
Du côté de Ménil-Erreux, le discours est autre : « Notre conseil municipal a voté pour le transfert : beaucoup d’argent – 100 000 € – a été récemment investi pour construire l’école de notre commune. À l’inverse, Semallé est l’école où il y a le plus de travaux à faire. On comprend aussi que, pour des raisons de sécurité, il est préférable que les enseignants soient au moins deux », rapporte le maire, Jérôme Larchevêque.
« Vous ne pensez pas à l’intérêt des enfants. Personne ici ne parle de pédagogie, il n’est question que d’économies et de finances », lui renvoie une maman d’élève.
Jean-Patrick Leroux a, lui, rappelé que des travaux avaient été réalisés à l’école de Semallé (changement de chaudière, installation de clôtures, nouvelles fenêtres et peintures…) et prévient : « Tout le mobilier restera ici, c’est la propriété de la commune ». Il indique aussi que Semallé se retirera du Sivos (Syndicat intercommunal à vocation scolaire).
Pour éviter ce scénario, le maire a invité les parents à rédiger des courriers individuels, afin d’étayer la requête déposée au tribunal. Une pétition « contre la fermeture de l’école » a également circulé. La suite ? « Le tribunal devrait se prononcer assez rapidement. Peut-être d’ici deux à trois mois », répond le maire.