Pour leur première Convention Vinyle-BD Mania samedi 30 avril et dimanche 1er mai à Sées, les organisateurs – également à la tête de l’association Ornécourts – ont fait très fort. Ils accueillent en effet en vedette, Gérald Forton, le petit-fils du Sagien Louis Forton, père des Pieds nickelés et de Bibi Fricotin, lui-même grand dessinateur du “Neuvième art”.
LES PIEDS NICKELES ONT 100 ANS – DOCU-GAG – 2008 par ecran-total
Sous l’influence des Comics US
Pour cette première convention, hommage à son grand-père mais également à Nicolas-Jacques Conté, autre sagien de renom, Gérald Forton est venu tout spécialement de sa villégiature californienne, à Apple Valley, où il réside depuis plus de trente ans. Il avait initialement misé sur New-York mais les chevaux lui manquaient trop alors il a mis cap au Sud-Ouest dans les années soixante-dix où il peut contempler de sa fenêtre, au quotidien, ses quarter-horses.
Son grand-père, il ne l’aura guère connu puisqu’il disparaît en février 1934 tandis que Gérald Forton voit le jour en avril 1931. “Je n’ai donc pas vraiment eu d’enseignements de sa part en terme de dessin…” Mais le talent dans cet art a visiblement sauté une génération puisqu’il s’y passionne très jeune. Notamment dans cette société d’après-guerre :
Durant l’Occupation nous étions privés de tout, des illustrés, des revues comme l’Aventureux… Tout s’était arrêté avec la guerre. Et puis, à la Libération, les soldats américains sont arrivés avec des magazines G.I Comics Overseas. Une vraie révélation pour moi ! J’ai accroché aussitôt à ces univers incroyables qui y étaient présentés.”
Les Beaux-Arts… pour les parents
Le dessin, ça le démange terriblement. Mais bon, aux yeux de ses parents, ça n’est pas un métier. “Mes parents n’étaient pas opposés à ce que je crayonne, pour le plaisir. Mais ils voulaient à tout prix que j’ai une formation plus… classique. Alors, ça a été les Beaux-Arts. On ne parlait pas encore de bande-dessinée, c’était loin d’être considéré comme un art !”
A 19 ans, son coup de crayon commence à plaire, il fait ses premières armes à Caméra 34 puis réalise plusieurs commandes avant d’entrer chez Spirou où il réalisera de nombreuses “Belles histoires de l’Oncle Paul”, avant d’être contacté par l’éditeur Vaillant pour reprendre Jacques Flash.
Chez Spirou, il reprend en 1959 un personnage culte : Bob Morane pour lequel il réalise quatorze aventures.
Le story-board de Toy story
La liste des réalisations de Gérald Forton est considérable; mais, s’il met Bob Morane en tête de ses préférences, il affectionne aussi Teddy Ted qui fit la réputation du dessinateur. Une sorte de western réaliste plutôt classique qui fera la joie des lecteurs de Pif gadget.
On le retrouve dans une quantité de collaborations bédéistes à l’image de L’histoire de France en bande dessinée, l’aventurier Jim Cartouche, Tiger Joe, des planches de L’affaire du collier de Blake et Mortimer… et puis, un beau jour, il tutoie l’univers hollywoodien en réalisant rien de moins que le story-board de Toy Story, chef d’oeuvre de Pixar.
“J’ai arrêté quand on m’a dit que le prochain personnage sera une éponge !”
Mon arrivée sur ce projet incroyable s’est passée bizarrement”, se souvient Gérald Forton. “J’habitais New-York et les éditeurs Outre-Atlantique ont la hantise du retard, je n’en trouvait pas sur la Côte Est. J’ai signé pour le studio qui faisait Les Maîtres de l’univers où j’ai réalisé une sorte de bibliothèque de dessins d’action dans lequel les scénaristes allaient piocher. Et puis, au bout de quelques années, j’ai tâté du story-board avec pas mal de gros studios comme Hanna-Barbera. J’ai arrêté quand on m’a dit que le prochain personnage serait… une éponge ! Et c’est là qu’on m’a proposé Toy story, c’était encore Disney”.
Pendant la convention de Sées, Gérald Forton va dédicacer des affiches inédites crées pour l’occasion où les Pieds Nickelés trônent devant la cathédrale de Sées mais il proposera aussi aux amateurs des planches originales en vente.
► Convention Vinyle-BD Mania
Cette première convention Vinyle-BD Mania se tiendra samedi 30 avril et dimanche 1er mai à la salle polyvalente de Sées (devant le lycée agricole), rue du 11-Novembre.
Ouverture de 9h à 21h samedi, de 9h à 18h dimanche. Une vingtaine d’exposants attendus. Restauration possible. Evénementiels avec la présence du contrebassiste argentanais Eddy Charni qui proposera un “live jazz”. Eddy a un parcours singulier puisqu’il est conducteur du Paris-Granville. Dans le train il déploie sa contrebasse pliable et répète, casque sur les oreilles. Ce jazzman a été formé par Wayne Dockery, le contrebassiste attitré d’Archie Schepp. Les visiteurs de la convention pourront profiter de son talent et de sa générosité communicative.
Le réalisateur Francis Wolff sillonnera pour sa part les allées du salon et immortalisera l’événement.
