Dans la soirée du 11 mai 2015, deux cousins trinquent ensemble dans un bar du centre-ville d’Alençon. Passablement éméchés (avant d’arriver au troquet, ils avaient bu une bouteille de whisky chacun et des bières), ils réclament de nouvelles consommations. Le patron de l’établissement refuse. Vexés, les deux hommes partent en cassant chacun un carreau de la porte vitrée du bar. La BAC (Brigade anti-criminalité) est dépêchée sur place, et constate que les deux hommes se sont blessés et ont laissé des traces de sang derrière eux. Traces qui mènent tout droit aux auteurs, dans un appartement d’Alençon. Les deux individus reconnaissent les faits, et sont laissés libres pour la nuit.
Coup-de-poing à un passant
Mais, dès le lendemain matin, ils font de nouveau parler d’eux. En route pour aller acheter une énième bouteille de whisky, l’un d’eux (le plus âgé : 35 ans) s’en prend à un passant, sur la voie publique. Il l’insulte, le provoque, et va jusqu’à lui asséner un coup-de-poing. La victime écopera de deux jours d’arrêt de travail, et son ex-femme et son fils, qui l’accompagnaient, seront profondément choqués.
L’histoire ne s’arrête pas là : les deux cousins croisent ensuite le chemin d’un agent municipal, occupé à entretenir les espaces verts. Ils lui enlèvent son casque. Le trentenaire lui pique son taille-haie, et met à coup derrière la tête de la victime, qui court se réfugier dans une épicerie. Les deux hommes ivres se cachent dans un immeuble, avant d’être rapidement repérés et interpellés par la police. Il est 9 h 20.
Au commissariat, la garde à vue du plus âgé est agitée : l’homme, très énervé, insulte un fonctionnaire et casse une porte de l’hôtel de police. Le mis en cause devra être casqué intégralement pour ne pas frapper sa tête contre les murs.
Jeudi 11 février, les deux cousins comparaissaient devant le tribunal correctionnel d’Alençon. Le plus jeune (21 ans), reconnaît avoir un cassé un carreau au bar, même s’il « ne se souvient pas vraiment ». Le plus véhément des deux, détenu pour une autre cause à Évreux, n’a guère plus de mémoire. Déjà connu de la justice (son casier judiciaire compte 21 mentions), il était sous le coup d’un sursis avec mise à l’épreuve, la nuit des faits. « Ils ont semé la panique mais n’expriment aucun regret, aucun remords », constate la substitut du procureur, Audrey Berrier. Contre le récidiviste prévenu de dégradation, de violence et d’outrage, elle requiert 18 mois de prison dont six mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. Contre l’autre cousin, prévenu seulement de dégradation, elle requiert un mois de prison avec sursis.
« C’était une nuit de folie », résume l’avocat du prévenu détenu, Me Axel Sandberg.
« Énergumènes »
« Les deux énergumènes étaient ivres au petit matin dans les rues, mais n’avaient pas l’intention d’être violents. Ils voulaient déconner ». La défense a demandé au tribunal de ne pas prononcer une peine de prison ferme, mais une condamnation « permettant la réinsertion », afin que le trentenaire règle ses problèmes d’alcool.
Des arguments qui n’ont su convaincre le tribunal. Le prévenu récidiviste a été condamné à 18 mois de prison dont huit mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve de deux ans comprenant les obligations de travail et de soins. Il devra dédommager les victimes, et a interdiction d’entrer en contact avec son cousin.
Cousin qui a écopé, lui, d’une peine d’un mois de prison avec sursis comprenant 70 heures de TIG (travail d’intérêt général) à effectuer dans un délai de 18 mois. Il devra également se soigner, et travailler.