
L’homme avait incendié sa propre maison le 1er janvier 2019 à Boissey (Calvados), commune nouvelle de Saint-Pierre-en-Auge. (©Le Pays d’Auge)
Le 1er janvier 2019, les secours interviennent sur l’incendie d’une maison au lieu-dit la Houssaye à Boissey (Calvados), dans la commune nouvelle de Saint-Pierre-en-Auge. L’habitation est détruite.
Le propriétaire, son épouse et leurs trois enfants sont sur place. L’homme âgé de 53 ans explique aux gendarmes que c’est lui qui a allumé le feu. La raison ? Sa femme, avec qui il est marié depuis 29 ans, souhaite le quitter, et ses enfants lui tournent le dos.
Priver sa femme de sa part sur la maison
Il a décidé de mettre le feu « pour la priver de la moitié de ses biens après le divorce », regrette Christophe Bogliolo, substitut du procureur.
Devant son état psychique jugé inquiétant, il est emmené au centre hospitalier de Falaise (Calvados), puis à l’hôpital psychiatrique du Bon Sauveur à Caen (Calvados).
Entendue par les enquêteurs, la femme, qui avait quitté le domicile depuis plusieurs mois, explique que les relations se sont dégradées depuis 5 ans avec celui qu’elle décrit comme impulsif.
Une masse « pour ouvrir la porte »
De son côté, l’homme reproche à son épouse d’avoir retiré de l’argent (entre 900 et 1 300 €) sur leur compte ces dernières semaines. Dans l’après-midi du 1er janvier 2019, il souhaite avoir une discussion avec elle et se rend chez plusieurs personnes à Boissey pour la chercher.
Dans son camion, les gendarmes retrouvent une masse : « C’était pour ouvrir la porte de ma femme et lui parler », explique le prévenu, jugé en comparution immédiate au tribunal de Lisieux (Calvados), vendredi 11 janvier 2019.
Puis, avant de passer à l’acte, l’homme téléphone à ses deux filles. Les messages vocaux sont assez explicites :
Vous me prenez pour un imbécile, je vais mettre le feu à la baraque !
Un « coup de sang » pour celui qui « s’est senti abandonné »
« Pourquoi avoir commis un acte aussi grave ? », lui demande le président du tribunal, Lionel Da Costa Roma, qui s’étonne que le prévenu se soit attaqué au « seul bien de valeur » que possédait la famille :
Je n’ai pas pu me contrôler, j’ai eu un coup de sang.
Pour son avocate, maître Monique Bretoc, son client, qui a annoncé vouloir reconstruire la maison, est « quelqu’un qui souffre, qui est dépressif depuis longtemps » :
Il était malheureux parce que ses enfants ne lui ont pas souhaité la bonne année… Il s’est senti abandonné ».
Pas de troubles mentaux
Le rapport de l’expert montre que le quinquagénaire et quelqu’un de « coléreux » et « rustique », mais qu’il n’a « pas de trouble mentaux ou psychiques », et ne « réfléchit pas aux conséquences de ses actes ». Le ministère public a insisté sur « la personnalité inquiétante » du prévenu :
« Ce n’est pas un acte impulsif, c’est un acte réfléchi, il a agi de sang froid ».
Le tribunal le condamne à 1 an de prison dont 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve. Il devra suivre des soins psychologiques et ne pourra plus entrer en contact avec son épouse. Il a été emmené à la maison d’arrêt de Caen (Calvados).