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Saint-Aubin-lès-Elbeuf : Michel Petit, un pêcheur au paradis des footballeurs

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Michel Petit photographié en octobre 2008, avant le match de Coupe de France entre le Saint-Aubin FC - FCR en Coupe de France, dont il allait donner le coup d'envoi. Soixante et un ans plus tôt, en 1947, lors de la confrontation précédente en Coupe de France entre les deux clubs (dont l'annonce faisait la Une pleine page du Journal d'Elbeuf), Michel Petit avait sauvé l'honneur du CASA, éliminé (1-5), en battant sur penalty Dambach, devant 4 000 spectateurs.

Michel Petit photographié en octobre 2008, avant le match de Coupe de France entre le Saint-Aubin FC – FC Rouen, dont il allait donner le coup d’envoi. Soixante et un ans plus tôt, en 1947, lors de la confrontation précédente, dans la même épreuve, entre les deux clubs (dont l’annonce faisait la Une pleine page du Journal d’Elbeuf – photo), Michel Petit avait sauvé l’honneur du CASA, éliminé (1-5), en battant sur penalty Dambach, devant 4 000 spectateurs à Saint-Aubin.

Son père, son grand-père, ses frères, Marcel et Gilbert, étaient pêcheurs en Seine. Lui-même l’a été jusqu’à l’âge de 17 ans mais c’est surtout comme footballeur qu’il restera dans la mémoire collective, tant il aura marqué son époque, les esprits… et de buts !

La pêche en Seine a fait vivre plusieurs générations de Petit.

La pêche en Seine a fait vivre plusieurs générations de Petit. (©DR)

De 1942 à 1961, Michel Petit aura trouvé le chemin des filets pas loin de 300 fois sous les couleurs de son club de cœur, son club de toujours : le CASA (Club Athlétique Saint-Aubinois), club auquel il est resté fidèle durant toute sa carrière, à l’exception d’une parenthèse de deux ans pour aller tenter sa chance en Pro au FC Rouen (1950-1952). Une efficacité et une longévité qui en disent long sur son talent. Et pourtant, certains disaient qu’il avait une santé fragile, ce qui l’a certainement privé d’un plus grand destin.

Pêche et football

Septième d’une fratrie de huit enfants (dont cinq garçons qui ont tous été footballeurs), il était venu au monde le 29 septembre 1926, jour de la Saint Michel – d’où son prénom – au domicile familial, rue des Hauts Fourneaux (aujourd’hui rue Aristide-Briand) dans une commune qui ne s’appelait pas encore Saint-Aubin-lès-Elbeuf mais Saint-Aubin-jouxte-Boulleng.

Son père était pêcheur en Seine, son grand-père était pêcheur en Seine, ses frères étaient pêcheurs en Seine, lui-même l'a été jusqu'à l'âge de 17 ans.

Son père était pêcheur en Seine, son grand-père était pêcheur en Seine, ses frères étaient pêcheurs en Seine, lui-même l’a été jusqu’à l’âge de 17 ans. (©Le Journal d’Elbeuf)

Ses frères aînés, Marcel, né en 1907, et Gilbert, né en 1908, travaillaient déjà avec leur père, Eugène, comme pêcheurs en Seine, avant de prendre sa succession après la disparition prématurée de celui-ci, le 16 décembre 1929. Michel avait alors tout juste trois ans et André, le petit dernier, un an.

La pêche en Seine, comme métier, et le football, le dimanche comme loisir, c’est ce qui rythmait la vie de la famille Petit, du moins des garçons, auxquels il faut encore ajouter Hyacinthe, né en 1920.

Les frères Petit sous les couleurs du CASA en 1943 ( de g. à d.) : Gilbert, Michel et marcel.

Les frères Petit sous les couleurs du CASA en 1943 ( de g. à d.) : Gilbert, Michel et Marcel. (©DR)

Marcel, excellent attaquant, et Gilbert, défenseur, avaient, les premiers, défendu les couleurs du club local, le CASA, en Division d’Honneur, dans l’entre-deux-guerres. Dès qu’il a été en âge de jouer, Michel les a imités et suivis au stade du Bois de la lune. Plus tard, André fera l’essentiel de sa carrière au CO Cléon.

À 16 ans, un triplé pour ses débuts

Le 18 octobre 1942, en pleine occupation et à tout juste 16 ans, Michel Petit réalisait des débuts fracassants en équipe première au poste d’avant-centre, signant les trois buts du CASA à Oissel (3-0) Il n’allait plus sortir de l’équipe. Ses partenaires se nommaient alors Henri Angenot, Gaston Mouchard, René Steinmetz ou Roger Poulain, bientôt rejoints par ses deux frères, Marcel et Gilbert.

Michel Petit, au centre accroupi, à 16 ans, l'année de ses débuts, entre Henri Angenot (autre figure du CASA des années 1930-1940) et Maurice Gardin.

Michel Petit, au centre accroupi, à 16 ans, l’année de ses débuts, entre Henri Angenot (autre figure du CASA des années 1930-1940) et Maurice Gardin. (©DR)

À la sortie de la guerre, le CASA repartait en Première série, avec comme entraîneur André Rivière puis Pierre Arroyo, et un leader d’attaque nommé Michel Petit, évidemment. En 1947-1948, année où le CASA retrouvait la Promotion d’Honneur (deuxième niveau régional à l’époque, juste derrière la DH), il inscrivait 34 buts en 18 matchs de championnat, dont un décuplé (10 buts) contre la B de l’US Quevilly pour une victoire 13-1. Cette même saison, il réalisait également un sextuplé contre les Crevettiers d’Honfleur en Coupe de France, totalisant 43 buts en 21 matchs officiels !

Pro au FC Rouen de 1950 à 1952

Le 16 avril 1949, il épousait, toujours à Saint-Aubin, Micheline Prévost, une jeune fille originaire de Saint-Didier-des-Bois, où il vivra quelque temps avant de revenir dans sa ville natale. Il est alors ouvrier agricole. Puis à l’été 1950, il signe comme joueur professionnel au FC Rouen, qui évolue en Division 2.

Michel Petit sous le maillot du FCR, où ila été pro de 1950à 1952, inscrivant 10 buts en 25 matches en D2.

Michel Petit sous le maillot du FCR, où ila été pro de 1950à 1952, inscrivant 10 buts en 25 matches en D2. (©DR)

La première année avec les Diables Rouges, il inscrit 2 buts en 6 apparitions, puis se révèle au cours de la saison 1951-1952, où il marque 8 buts en 19 titularisations.

Michel Petit avec les Diables Rouges, alors en Division 2, en 1951-1952.

Michel Petit avec les Diables Rouges, alors en Division 2, en 1951-1952. (©DR)

Malgré tout, il n’est pas conservé. Il croise Charles Quaino (avant-centre formé au FC Elbeuf), passé par Lens et Amiens, puis, après avoir obtenu sa requalification comme amateur, in extremis en toute fin d’année 1952, retrouve le CASA en tant qu’entraîneur joueur. Il le restera jusqu’en 1960.

Entraîneur-joueur et gardien du stade

Durant plusieurs années, il sera également gardien du stade ! Le club est alors mal en point et Michel Petit recule d’un cran pour évoluer au cœur du jeu. Il parvient néanmoins à redresser la situation et le CASA se maintient en PH.

Ici en action contre le FCE (FC Elbeuf), au stade de la Cerisaie est sans doute le plus grand joueur de toute l'histoire du Club Athlétique Saint-Aubinois, et assurément son plus grand attaquant.

Ici en action contre le FCE (FC Elbeuf), au stade de la Cerisaie est sans doute le plus grand joueur de toute l’histoire du Club Athlétique Saint-Aubinois, et assurément son plus grand attaquant. (©DR)

Les années qui suivent, Michel Petit démontre que son sens du but est intact, jusqu’à la saison 1957-1958, où il est contraint de laisser l’équipe après les deux premiers matchs. Pour le CASA, « Petit dépendant », la sanction est immédiate : c’est la rétrogradation à l’étage inférieur en fin de saison.

L'équipe du CASA victorieuse du SM Caen en quarts de finale de la Coupe de Normandie, le 5 mai 1957. Caen avait sorti l'année d'avant le grand Reims en Coupe de France. Ce succès constituait le meilleur souvenir de Michel Petit.

L’équipe du CASA victorieuse du SM Caen en quarts de finale de la Coupe de Normandie, le 5 mai 1957. Caen (alors 3e de CFA) avait sorti l’année d’avant le grand Reims en Coupe de France. Ce succès constituait le meilleur souvenir de Michel Petit (au centre en bas), qui avait inscrit le but vainqueur en prolongations (2-1) (©DR)

En 1958-1959, avec son retour dans l’équipe, les Pies retrouvent des couleurs mais manquent de peu la montée. Enfin en 1960, le CASA est sacré champion de Première division. Pour autant, ce n’est pas en Promotion d’Honneur mais en Division d’Honneur, que Michel petit accomplit l’ultime saison de sa carrière. Durant l’été 1960, le FCE et le CASA (ainsi que le FC Rhodanien, club de Rhône-Poulenc) ont en effet fusionné pour donner naissance au CORE et Michel Petit évolue à la pointe de l’attaque. À 34 ans, il démontre que son sens du but est intact, principalement lors de la phase aller, totalisant 16 buts en 19 matches (dont un quintuplé et deux triplés), plus 5 en 5 matchs en Coupe de France.

Fine mouche

En fin de saison, après dix-neuf saisons (1942-1961), il raccroche définitivement les crampons. Salarié de Renault-Cléon, il consacre alors l’essentiel de ses loisirs à sa famille, son fils Christian (qu’il aura le malheur de perdre dans les années 1980) et à sa grande passion : la pêche, non pas en Seine, mais à la ligne, notamment au sein de la section de Renault-Cléon, animée par Jacques Arnsperger. « C’est, de loin, le meilleur pêcheur que j’ai connu et il n’hésitait jamais à donner des conseils aux plus jeunes qui le sollicitaient », rapporte ce dernier.

Veuf depuis plusieurs années, ce grand pêcheur devant l’éternel s’est éteint le 28 décembre, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Ses obsèques ont été célébrées mardi 8 janvier 2018 en l’église de Saint-Aubin. Le Journal d’Elbeuf présente ses sincères condoléances à ses petits enfants, sa famille et ses proches.

Un attaquant prolifique

En 16 ans de carrière (1945 à 1961), Michel Petit a inscrit quelque 300 buts, répartis ainsi.

CASA (12 saisons et demie/PH et 1re série) : 194 buts (225 m) en championnat ; 33 buts (38 m) en Coupe de France ; 16 buts (25 m) en Coupe de Normandie.

CORE (1 saison/DH) : 16 buts (19 m) en championnat ; 5 buts (5 m) en Coupe de France.

FCR (2 saisons/D2) : 10 buts (25 m) en championnat.

Soit 274 buts en 338 matches officiels* : 220 buts en championnat (269 m) ; 38 buts (43 m) en Coupe de France et 16 buts (26 m) en Coupe de Normandie.

Ces statistiques ne comprennent pas les buts marqués en temps de guerre de 1942 à 1945, à commencer par son triplé inaugural. C’est pourquoi, son total doit s’établir autour de 300 buts.

* Statistiques réalisées à partir des comptes rendus publiés dans le Journal d’Elbeuf (CASA et CORE). Il manque quelques compositions d’équipes, d’où une petite incertitude concernant le nombre exact de matches joués.


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