
«» Tels sont les derniers mots prononcés par Marcel Langer avant d’être guillotiné dans la cour carrée de la prison Saint-Michel.©DR
« Vive la France ! À bas les Boches ! Vive le Parti communiste ! » Tels sont les derniers mots prononcés par Marcel Langer avant d’être guillotiné dans la cour carrée de la prison Saint-Michel à Toulouse, en ce 23 juillet 1943, à 5h40.
Cinq mois plus tôt, le 6 février, cet immigré polonais et militant communiste, premier commissaire aux opérations de l’inter-région 35 (IR 35), du mouvement de résistance militaire des Francs-tireurs et Partisans- Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) est arrêté à la gare Saint-Agne, porteur d’une valise remplie d’explosifs.
Le réquisitoire de l’avocat général est inique
Lors de son procès, le réquisitoire de l’avocat-général Pierre Lespinasse est inique. Le magistrat insiste sur la nécessité de punir pour l’exemple ce « sans-patrie » et n’hésite pas à déclarer « vous êtes juif, étranger et communiste, trois raisons pour moi de réclamer votre tête ».
Malgré les demandes de grâce formulées par Maître Arnal, son avocat, Langer est condamné à mort le 11 mars par la Section Spéciale de la Cour d’Appel de Toulouse. Symboliquement, le jour de l’exécution de leur chef, la 35e brigade FTP-MOI prend le nom de brigade Marcel-Langer.
Militant communiste de la première heure
Pour comprendre le parcours de ce militant de la cause communiste et combattant antifasciste, il faut se replonger dans ses origines. De son vrai nom Mendel Langer, il naît en 1903 à Szezucin en Pologne, dans une modeste famille juive.
Fuyant les persécutions antisémites, la famille émigre en Palestine en 1920. Embauché comme ajusteur-mécanicien au chemin de fer d’Haïfa, il entre au Parti communiste palestinien.
Emprisonné pour ses activités politiques
Emprisonné à la prison de Saint-Jean-d’Acre pour ses activités politiques, il est libéré et arrive à Paris en 1929. Il adhère à la sous-section juive de langue yiddish de la Main d’œuvre étrangère (MOE, qui deviendra la MOI à partir de 1936, ndlr), organisation créée au sein de la Confédération générale du travail unitaire (CGTU) pour réunir les travailleurs étrangers.
Lieutenant dans les Brigades internationales
En 1936 lorsqu’éclate la guerre civile d’Espagne, il s’engage au sein des Brigades internationales, composées de volontaires antifascistes de 53 pays.
Il combat dans la brigade polonaise puis dans la 35e brigade de mitrailleurs dans laquelle il est nommé lieutenant.
Au camp d’internement du Vernet d’Ariège
Après avoir transité par les camps d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) puis de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), il est transféré au camp d’internement administratif du Vernet d’Ariège, au nord de Pamiers.
C’est là que l’on rassemble les « étrangers suspects au point de vue national ou dangereux pour l’ordre public ».
Après s’être évadé, il reprend contact avec ses anciens camarades de la MOI, entrés en clandestinité.
Après l’occupation en novembre 1942 de la zone sud par les Allemands, la MOI devient un mouvement de résistance affilié aux FTP et Marcel Langer devient le chef de la 35e brigade de la région toulousaine, nommée ainsi en souvenir de la 35e division des Brigades internationales.
Mathieu Arnal