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Smic, ISF, déconnexion des élus... on a épluché les cahiers de doléances ouverts aux Gilets jaunes

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A Lisieux (Calvados), les gilets jaunes organisent une réunion publique vendredi 7 décembre 2018.

A Lisieux (Calvados), les gilets jaunes organisent une réunion publique vendredi 7 décembre 2018. (©Le Pays d’Auge)

« Revalorisation du Smic », « remettez l’Impôt sur la fortune (ISF) », « on veut plus de démocratie directe… ». Voici les messages que l’on peut lire sur les cahiers de doléances ouverts un peu partout en France, à l’initiative de l’association des maires ruraux de France (AMRF), depuis le 8 décembre 2018.

Lancée en plein crise des Gilets jaunes, cette opération « mairies ouvertes » concerne aujourd’hui plusieurs milliers de communes en France et livre d’ores et déjà ses premiers enseignements. Dans plusieurs départements, les premières séries de propositions ont été remises aux préfets. Sur cette base, l’AMRF a établi une synthèse nationale dont Actu.fr a eu copie. 

LIRE AUSSI : Gilets jaunes : gel de la taxe carbone, contrôle technique… les mesures annoncées par le gouvernement

« On perçoit vraiment la détresse des gens »

Résultat ? « J’existe ! C’est ce que des dizaines de milliers de Français ont commencé à exprimer dans les mairies », résume le président de l’AMRF, Vanik Berberian.

En Haute-Garonne, un département fortement marqué par le mouvement des Gilets jaunes, au point que son chef-lieu Toulouse a groupé plus de manifestants que Paris les samedis 15 et 22 décembre 2018, le représentant local de l’AMRF René Savelli, résume :

On perçoit vraiment la détresse des gens… 

Une demande de justice sociale

Une grande diversité de propositions, de remarques, de critiques, surgit de ces milliers de cahiers et formalise cet appel de détresse.

Le thème phare qui ressort est une demande de justice sociale (17,2%). Recouvrant différentes dimensions, cette idée s’accompagne de formules telle que « l’argent doit être au service de l’humain et non le contraire » et où le principal sujet est de « pouvoir finir les fins de mois dignement ». Le corollaire est un véritable sentiment d’injustice et donc une demande d’équité de traitement entre les citoyens. 

« Si les élus touchaient le Smic »

Les demandes les plus dominantes sont une hausse du pouvoir d’achat et son indexation sur l’inflation ou encore la nécessité de revaloriser les retraites. Morceau choisi :

Avec l’augmentation de la CSG et la revalorisation des pensions à 0,8%, bien au-dessous de l’inflation, c’est près de 3% de pouvoir d’achat perdu pour les retraités !

LIRE AUSSI : Une retraitée lance une pétition pour le pouvoir d’achat 

Le niveau du Smic est tout autant pointé du doigt :

Si les élus touchaient le Smic, ils comprendraient qu’avec toute la bonne volonté du monde, il est impossible de changer de voiture, même avec la ridicule prime de 2000 euros.

La fiscalité pointée du doigt

La fiscalité (14,3% des doléances) est l’autre grand sujet, avec un grand sentiment d’injustice. Unanimement, les différentes expressions dénoncent un sentiment d’inégalité devant l’impôt. 

Une meilleure lutte contre la fraude fiscale et la réorganisation du système fiscal sont les principales demandes des citoyens. Le retour à l’ISF est clairement réclamé « tant que les bienfaits de sa suppression ne sont pas avérés », peut-on lire. 

Les taxations en tout genre sont particulièrement ciblées :

Stop aux taxes punitives et à leur détournement !

Le poids important de la fracture territoriale

Autre thème important : l’organisation politique et territoriale (14% des contributions). « Le sentiment d’abandon et d’injustice sociale se double donc d’un sentiment d’inégalité territoriale. La fracture territoriale se superpose à la fracture sociale !  », comprend Vanik Berberian. 

A ce chapitre, les critiques citoyennes foisonnent. Le phénomène de métropolisation jugé « mortifère pour nos communes rurales » inquiète. Le mille-feuille administratif agace. Et la décentralisation n’est pas vécue comme une réalité. « Je crois que les Français veulent une démocratie directe à tous les niveaux, à savoir une relocalisation de toutes les décisions dans les régions, les départements, les communes. »

L’Etat et ses fonctionnaires, à Paris, ne sont pas qualifiés pour décider de l’avenir de nos communes. 

Pour beaucoup, il s’agit désormais de trouver une formule pour que « la décision, au-delà des décideurs, se rapprochent des territoires et des citoyens ».

« Fin des privilèges » des élus

En critiquant le dogme de l’organisation politique du pays par le haut, c’est également une défiance vis-à-vis des élus qu’installent les contributions de la plupart des citoyens. 

« Fin des privilèges ! ». Ce mot d’ordre, dont on perçoit le sens, est continuellement présent à longueur de… cahiers. Les principales critiques portent sur « les salaires trop importants et le nombre d’élus payés à rien faire » ou encore « la professionnalisation des parcours politique ».

Il y a encore une forte demande pour « la nécessaire réduction du nombre d’élus ». A l’inverse, les citoyens demandent davantage « de proximité avec eux » et une meilleure communication de leur part…

L’abaissement de la vitesse à 80 km/h ne passe pas !

Enfin, quatrième thème principal, la question de la mobilité (10% des contributions) monopolise elle aussi le débat.  

Trois points phares sont systématiquement abordés : la taxe sur les carburants, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h, les « radars-tirelires » de nos routes au prétexte de la Sécurité routière. Dans les trois cas, le rejet est net et sans bavure.

LIRE AUSSI : Le jackpot des radars routiers : ils rapporteront 1,23 milliard d’euros en 2019

Alternative à la voiture

Un forte expression réclame aussi une alternative à la voiture en milieu rural, par une offre renouvelée des transports en commun. 

Au final, ceux qui vivent dans ces territoires expriment une double-pénalité : ils financent par leurs impôts les infrastructures de transports des grandes villes et paient plus de taxes sur les carburants, indispensables pour accéder aux services.

Comme le sentiment d’une France à deux vitesses… qui a fait s’emballer le mouvement des Gilets jaunes.


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