“Un matin, ils seront devant ma porte, je ne pourrai pas les empêcher d’entrer… ils auront un mandat ! Ils fouilleront partout… trouveront des livres, articles, documents qui parlent de résistance, d’engagement citoyen, de restauration de la démocratie, des tracts contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes, contre le barrage de Sivens, contre le Center parc des Chambarrans…
Ils sauront déjà que j’ai participé à des manifestations contre des projets de lois et des décisions gouvernementales, que j’ai écrit des articles d’appel à la mobilisation citoyenne dans la presse, que je fais souvent des voyages vers le Maghreb, que dans mon travail j’encourage les jeunes à s’engager, à avoir l’esprit critique, à s’exprimer.
Alors, ils me diront que je ne dois plus quitter mon domicile, que je suis assigné à résidence, que je mets en danger la sécurité de l’État… qu’on va peut-être me mettre en garde à vue, le temps de vérifier si je n’ai pas participé à des actions terroristes dont la définition sera de plus en plus floue… Et ils auront le droit de le faire parce qu’en janvier 2016 un gouvernement socialiste aura fait voter par le Parlement une loi instituant l’état d’urgence permanent qui donne tous les pouvoirs à la police, supprime la protection judiciaire du citoyen, interdit les réunions, peut décider de dissoudre des associations. Tu sais qu’ils auront le droit de te chasser de chez toi, de te rendre apatride grâce à la loi sur la déchéance de nationalité ?
Tout ça, c’est arrivé du temps de Daesh, un groupe terroriste islamiste qui a réussi au-delà de toutes attentes à déstabiliser notre démocratie et a contribué à installer un gouvernement d’extrême droite qui dispose maintenant des moyens juridiques pour réprimer toutes les contestations.
On se dit alors qu’à l’époque, avoir échangé notre liberté contre notre sécurité n’était peut-être pas une si bonne idée et du moins pas si évident que ça paraissait ».
Georges PÉNELON