Dans une école strasbourgeoise, une enseignante en classe de CM2 a constaté que près d’un enfant sur deux ne mange pas le matin avant d’aller à l’école. « Ce qui explique les maux de ventre pendant le cours de sport, les ventres qui gargouillent, les coups de fatigue dans la matinée », explique-t-elle en présentant son projet pédagogique qui consiste à organiser deux petits-déjeuners hebdomadaires à l’école. Cette initiative s’inscrit au cœur de l’éducation à la santé. D’autres, du même ordre, se développent dans les établissements scolaires pour tenter d’endiguer un phénomène constaté par le Crédoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) : la proportion d’enfants sautant au moins un petit-déjeuner par semaine est passée de 13 % en 2007 à 29 % en 2013. Les écoliers sont de plus en plus nombreux à arriver le ventre vide en classe, notamment à cause de la précarité financière et sociale des familles ou d’une organisation compliquée au sein du foyer (liée par exemple à des horaires de travail décalés) contraignant les enfants à se gérer seuls le matin.
►Prendre des forces
Le Crédoc note également que seulement 30 % des enfants prennent tous les matins un petit-déjeuner complet. Pourtant, ce repas de plus en plus délaissé reste essentiel. « Un enfant a beaucoup moins de réserves physiologiques qu’un adulte. Par conséquent, il a besoin de fractionner ses apports alimentaires pendant la journée. Le petit-déjeuner est indispensable pour ses apports énergétiques et la nécessité de s’hydrater », explique la diététicienne Marie-Line Huc, au micro de France Inter. Après le repas du soir, l’enfant passe entre 10 et 13 heures sans manger. Or, même en dormant, l’organisme brûle environ 600 calories. Le matin, il faut donc prendre des forces en mangeant. Le petit-déjeuner doit couvrir 20 à 25 % des besoins nutritionnels de la journée. Il n’y a pas de menu type mais une boisson chaude ou froide est nécessaire pour se réhydrater, un produit laitier est source de calcium et de protéines, des céréales (pas trop sucrées), du muesli ou du pain renouvellent le stock de glucose, de sels minéraux et de fer dans le corps, un fruit apporte des vitamines et des fibres.
►La collation toujours possible
Si l’enfant n’a pas faim en se levant, il est conseillé de glisser une collation (pain, fromage, briquette de jus d’orange) dans son cartable. Car lorsqu’ils n’ont pas mangé, les écoliers sont « plus fatigués, moins concentrés, moins attentifs, moins participatifs », remarquent les enseignants. Des études menées aux Pays-Bas montrent en effet que le petit-déjeuner exerce une influence réelle sur les capacités mentales durant la matinée, notamment sur la mémoire, la concentration, l’aptitude au calcul mental et les capacités de création.
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