L’ancien gérant de la discothèque le Lipstick a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 10 000 € d’amende. Une faillite personnelle a également été prononcée à son encontre pour une durée de dix ans.
Son ami a, lui, écopé de six mois de prison avec sursis et de 10 000 € d’amende. Ces deux prévenus devront solidairement dédommager le liquidateur judiciaire à hauteur de 120 600 € ainsi qu’à 800 € de frais d’avocat et l’association La Bonne Clef à hauteur de 2005 € et à 800 € de frais d’avocat.
Le tribunal a, par ailleurs, condamné le frère du gérant à quatre mois de prison avec sursis et son beau-frère à six mois de prison avec sursis.
“Absence de comptabilité”
Les quatre prévenus avaient comparu devant le tribunal correctionnel d’Alençon, jeudi 6 avril.
Olivier L., l’ancien gérant de la discothèque Le Lipstick à Livaie, devait répondre des infractions de banqueroute et abus de confiance. À ses côtés : son ami était poursuivi pour complicité de ces mêmes infractions, son frère : de vol, et son beau-frère : de vol et dégradation.
Olivier L. avait repris la boîte de Livaie en 2010 alors qu’il était déjà propriétaire d’un bar et d’un point de vente à Alençon et tentait aussi la création d’une autre société à Nice.
Dans le même temps, le propriétaire des murs et du fonds de commerce avait créé une association pour acheminer les clients vers la discothèque située en rase campagne et ainsi « éviter aux clients de conduire en état d‘ivresse ». Il avait souscrit un emprunt pour financer les trois bus, la Limousine et une Mercedes. « Les transports ont toujours été payants pour cette navette. Le prix de transport permettait de rembourser l‘emprunt. Or quand Olivier L. est devenu président de cette association, des difficultés de trésorerie sont apparues », avait précisé l’avocat du mandataire judiciaire du Lipstick.
« Dès 2010, l‘argent ne rentrait plus alors que les années précédentes, l‘association enregistrait quelque 20 000 €. Or, les clients étaient toujours transportés et, selon le témoignage de certains, affirment avoir payé. L‘argent transitait sur le compte du président et de son ami. »
L’avocate avait aussi pointé « une absence de comptabilité » et un arrêt de remboursement des échéances liées à l’acquisition de la discothèque.
« Or la boîte était toujours pleine le week-end. Pour autant, Olivier L. ne payait ni les frais du crédit vendeur, ni les loyers. Le propriétaire du fonds s‘est inquiété ». Un mandataire judiciaire avait examiné la situation. L’expert-comptable avait indiqué qu’il ne souhaitait plus suivre les comptes de la discothèque « car aucun document ne lui était fourni ! Et pour cause : Olivier L. demandait aux clients de payer en liquide et ne délivrait pas de tickets ! »
En deçà des réquisitions
Pour l’avocate du liquidateur : « Olivier L. a détourné de l‘argent : 53 000 € une année, 47 000 € une autre. Près de 53 000 € en liquide ont été déposés entre 2009 et 2013 sur le compte de son ami ! Et ce n‘était pas des salaires : en France, la loi interdit de payer les salariés en espèces ».
Le procureur de la République avait requis dix ans de faillite personnelle « compte tenu de ce qu‘il a pu se mettre à côté », 15 000 € d’amende et une peine de deux ans de prison dont douze mois avec sursis à l’encontre de l’ancien gérant, dix mois avec sursis et 3 000 € d’amende pour son ami, quatre et six mois de prison avec sursis pour son frère et son beau-frère.
L’affaire avait été mise en délibéré. Le jugement a été rendu ce jeudi 1er juin.