Il n’avait probablement pas imaginé, il y a encore deux ans, de faire figurer « en bonne place » le développement durable au cœur de son projet d’établissement. À l’heure de le réécrire, c’est pourtant ce que fait Hervé Olezac, le principal du collège Racine.
Car c’est une véritable révolution citoyenne que connaissent les élèves de cet établissement d’Alençon, pourtant née d’une simple demande d’une enseignante de SVT (Sciences et vie de la terre).
45 g de déchets par personne
« Je voulais faire observer la décomposition des déchets à mes élèves. J’ai demandé au principal s’il était possible que j’installe un petit composteur dans ma classe », confie Charlotte Bouhnik. Avec l’aval d’Hervé Olezac, elle contacte la Communauté Urbaine d’Alençon (CUA). « Et j’ai été portée par l’enthousiasme des acteurs en charge du développement durable de la CUA ! », convient la dynamique enseignante qui propose au collège d’installer des composteurs dans l’établissement. L’idée suscite un engouement collectif.
« Or, pour déterminer le volume des composteurs, il fallait connaître la quantité de déchets organiques que produisait le collège. Il nous a donc fallu procéder à leur pesée ! » Sauf qu’au self, le tri n’est pas à l’ordre du jour. Il a alors fait l’objet d’une campagne ludique de sensibilisation avant sa mise en place. Premier constat encourageant : « Il y avait peu de gaspillage dans les plateaux mais nous pouvions néanmoins faire mieux ! », annonce Charlotte Bouhnik.
Depuis la rentrée 2016, les demi-pensionnaires du collège Racine trient donc les déchets de leur plateau. « On a installé de simples poubelles avec des sacs de couleurs différentes et des affiches qui indiquent ce qu’il faut jeter dedans. Le succès étant au rendez-vous, nous allons pouvoir investir dans un meuble digne de ce nom ! », se réjouit Stéphane Favris, le chef cuisinier du collège Racine, pas peu fier d’annoncer qu’avant la mise en place de ce tri, « nous étions à 65 g de déchets par personne contre 120 g au niveau national. Depuis le tri, nous avons gagné 30 % et sommes désormais à 45 g par personne ».
De l’engrais pour les carrés potagers
Les déchets organiques sont évacués vers les composteurs situés à l’arrière du collège. « Nous avons investi dans deux lots de trois composteurs ». Montant de l’investissement : 4 000 €. « Il sera rentabilisé par la réduction de la taxe d’ordures ménagères qui va diminuer puisque nous en produisons moins », annonce Hervé Olezac.
Satisfaite de cette observation pratique « du recyclage de la matière au programme des classes de 6e », l’enseignante n’en a pas pour autant stoppé son raisonnement là. « Produire de l’engrais, c’est bien mais pour en faire quoi ? », s’est-elle interrogée… avant de soumettre l’idée de la création de carrés potagers !
« L’étude des plantes est également au programme ! J’ai donc proposé à chaque classe de 6e de gérer un carré sur la thématique de leur choix : fruits, légumes, plantes aromatiques, médicinales ou de décorations ». Quatre classes ont opté pour les fruits et légumes et une pour les plantes aromatiques.
Bel esprit de camaraderie
« Ce travail a fait l’objet d’infographies, de recherches documentaires et informatiques et d’un véritable travail de groupe », signale l’enseignante. Il y a quelques semaines, rhubarbe, framboises, fraisiers, tomates et autres pieds de menthe ont donc été plantés dans l’enceinte du collège. Non sans l’aide précieuse des classes de Segpa « qui ont mis le terrain à niveau ».
Depuis, un roulement est organisé « le midi et sur les heures de permanence des élèves » pour entretenir les cinq carrés potagers.
Au-delà de mettre en pratique « toutes les compétences qu’on doit apprendre en 6e », ce recyclage a généré une belle énergie dans l’établissement. « Et auprès de tous les acteurs : élèves, enseignants, agents administratifs », constate Hervé Olezac.
« Autour du carré potager, on a aussi vu un bel esprit de camaraderie entre des élèves qui ne se connaissaient pas très bien, d’autres ont pris plaisir à découvrir les plantes, d’autres ont pris conscience de l’intérêt de recycler alors qu’ils n’y avaient pas été sensibilisés jusqu’alors », souligne Charlotte Bouhnik, peu avare de compliments envers le chef cuisinier. « Sans Stéphane Favris et son équipe, rien de tout cela n’aurait été possible car l’association de la cuisine à ce projet était indispensable ».
La menthe dans le taboulé
L’enseignante salue également l’implication de la documentaliste Nadine Porée, « dont la connaissance en jardinage » lui a été « très précieuse », de celle de l’infirmière du collège, de la gestionnaire Flavie Giraud « pour l’aspect financier du projet » et de toute l’équipe de la Segpa.
Et quand à l’heure de déjeuner, le chef cuisinier glisse à l’oreille de Charlotte Bouhnik : « Ne cherche pas qui a prélevé de la menthe ce matin dans ton carré aromatique ! C’est moi ! Je l’ai utilisé pour le taboulé libanais au menu de ce midi », l’enseignante affiche un large sourire qui se passe de commentaire sur le bien-fondé de son projet.
Une des cinq classes de 6 devant un carré potager dont elle est responsable.100_0078.JPG100_0082.JPG100_0087.JPGDSC_3550.JPGDSC_3557.JPGDSC_3565.JPGDSCN0159.JPGDSCN0170.JPGDSCN0171.JPGDSCN0249.JPG