Pas une seule parcelle vendue en six ans : à Forges, l’écoquartier n’a pas rencontré le succès escompté. Et aujourd’hui, décision a été prise de modifier le projet initial pour revenir à un lotissement « plus classique ».
« Pas dans les mœurs »
« Il fallait avancer sur ce dossier, expliquent Alain Meyer, maire de la commune nouvelle d’Ecouves et Yannick Dudouit, maire-délégué de Forges. Sans renier ce choix, il fallait trouver une solution. La collectivité a engagé des fonds sur ce lotissement… L’idée était séduisante mais ça n’a pas fonctionné. Ce n’est peut-être pas encore rentré dans les mœurs… »
Une forme urbaine innovante
L’histoire remonte à 2007 : une réflexion était engagée sur la commune de Forges pour créer un lotissement dans le bourg et l’idée d’un écoquartier fait son chemin parmi les membres du conseil municipal. « La commune a participé à un concours lancé par le Conseil Départemental dans le cadre du programme européen Leader + et son projet avait été retenu » précise Yannick Dudouit. Il s’agissait à l’époque de
« concevoir une forme urbaine innovante, adapté aux logiques du territoire rural et qui puisse servir d’exemple pour les collectivités locales ».
Et effectivement, ce nouveau « quartier durable » attire la curiosité des maires voisins. « On nous posait beaucoup de questions et nos collègues ne cachaient pas leur intérêt ».
Des contraintes
En 2011, le quartier est prêt à recevoir ses premiers habitants, les parcelles (environ 600m2 chacune) sont en vente mais le cahier des charges fait reculer les quelques personnes intéressées…
Le maire-délégué de Forges reconnaît :
« Le problème est là et pas ailleurs : un écoquartier suppose une réglementation plus stricte et sans doute contraignante ».
Parmi ces contraintes : aucune circulation automobile à l’intérieur du quartier, des matériaux spécifiques pour la construction, pas de PVC, les eaux pluviales doivent être traitées à l’intérieur de chaque parcelle, pas de volets roulants… Au final, la maison pouvait coûter 20 à 30 % plus cher… « Un nouveau cahier des charges va être mis en place, explique Alain Meyer. Nous avons déjà des demandes pour certaines parcelles. Je pense que maintenant on va avancer ».
À Arçonnay
Une autre commune, Arçonnay, a également fait le choix d’un écoquartier. Avec un peu plus de réussite puisqu’à ce jour, sur les 90 parcelles en vente, 70 % sont occupées ou vendues. Créé en 2009-2010, cet écoquartier du Longuet et de la Métairie s’inscrivait dans le schéma de cohérence territoriale de la communauté urbaine, et dans le respect de la loi sur l’eau (avec, en particulier, des engagements de ne pas utiliser de produits phytosanitaires pour l’entretien). Mais ici, pas de contraintes trop strictes.
Un élu explique :
« Nous avons voulu proposer un règlement souple. Il n’y a pas d’obligation mais on conseille… Comme pour le recyclage des déchets, le compost. On a installé un éclairage à ampoules LED, des bacs pour récupérer l’eau de pluie… Et puis un écoquartier, c’est aussi de la mixité : 20 lots ont été réservés aux bailleurs sociaux. Et proposer un prix de vente attractif pour séduire aussi bien des primo accédants que des retraités ».
Dans son grand projet 31 de renouvellement urbain, Alençon envisage la création d’un écoquartier, présenté comme « un nouvel espace d’habitat aux portes de Bretagne », derrière le futur cinéma.
À l’origine, la Ville avait retenu la Fuie des Vignes pour y implanter ce nouvel espace d’habitat. Mais pour diverses raisons techniques (problèmes de sous-sol et de pollution), le lotissement devrait voir le jour aux Portes de Bretagne (3,5 hectares) avec une centaine de logements. Des constructions individuelles et donc un écoquartier. La Ville recherche également un autre espace pour creér éventuellement un éco-îlot : un espace plus restreint pour accueillir quelques maisons seulement, toujours dans un esprit de développement durable. « Ces choix sont très importants car il s’agit d’une des orientations voulues par la municipalité » souligne-t-on en mairie.
La ville de Sées a également fait le choix d’un écoquartier : La Luzerne. À dix minutes du centre-ville (chemin piéton), il s’articule autour d’un espace vert. Trottoirs et stationnement sont traités de façon écologique (sable stabilisé et herbe). Ce lotissement correspond aux objectifs de développement durable définis par la Ville et favorise aussi la mixité sociale et la convivialité (constructions individuelles et logements sociaux).
Pratique
Lotissement des Croisettes à Forges : 14 parcelles disponibles. Contact : 06 38 67 75 18. Prix en baisse : 35 euros/m2.