Il avait emprunté la Peugeot 406 d’un homme à qui il avait promis de la faire réviser dans un garage quand, à la vue de la Police, ce 6 février vers 21 h 30, avenue de Quakenbrück à Alençon, il avait éteint les feux de l’auto et démarré rapidement. La Police l’avait perdu de vue mais avait reconnu le conducteur, un Alençonnais de 31 ans connu de ses services.
Interpellé plus tard, « abîmé à la tête »
Quelque temps plus tard, les forces de l’ordre étaient appelées sur un accident de la circulation sur ce même axe d’Alençon. Une 307 et une 406 étaient entrées en collision et seule la conductrice de la 307 était présente sur les lieux. « Dans cet accident, une troisième personne a porté secours à la conductrice et est décédée des suites d’un malaise cardiaque sur les lieux », précise Romuald Dano, le président du tribunal correctionnel d’Alençon devant lequel l’Alençonnais de 31 ans était convoqué pour « vol, blessures involontaires, conduite sans permis et conduite à une vitesse excessive ».
Car l’Alençonnais a effectivement été interpellé peu de temps après l’accident, « sacrément abîmé au niveau de la tête », signale le président en évoquant « un choc conséquent ».
La conductrice de la 307, qui a écopé de cinq jours d’arrêt de travail, a expliqué être engagée sur la chaussée quand son véhicule a été « percuté violemment ». Un témoin a signalé « avoir vu la 406 sans feu » traverser le carrefour avant « d’entendre le choc et de voir, dans son rétroviseur, de la fumée s’échapper des voitures ». Un autre témoin confirme que « le feu était bien au rouge » quand la voiture est passée.
La Police a confirmé la présence de l’Alençonnais dans la voiture grâce à son téléphone portable qu’il avait laissé dans l’habitacle. « Il n’arrêtait pas de sonner et un message avait été laissé à l’attention de Samir », relève le président du tribunal face à une barre désertée par le prévenu. « Il n’a jamais passé le permis de conduire par manque de finances », confie le juge à la lecture de la déposition du prévenu qui compte douze condamnations à son casier judiciaire.
Le propriétaire de la voiture a porté plainte pour le vol de son véhicule. « Le prévenu s’était présenté au domicile de mon client sous le prénom Jamel et avait proposé de conduire sa voiture au garage. Le propriétaire ne prenant pas le risque de conduire la nuit, le prévenu s’était proposé de la conduire. Et mon client avait accepté », signale l’avocate de la partie civile.
Six mois ferme pour deux autres vols
« Le Parquet sera réservé sur le vol du véhicule mais n’a aucun doute sur l’accident », annonce Sébastien Chesneau, auditeur de justice auprès du procureur de la République, non sans « regretter l’absence du prévenu à la barre » ce jeudi 11 mai, et avant de requérir huit mois de prison ferme, l’interdiction de conduire tout véhicule, celle de passer son permis de conduire pendant un an et une amende de 200 €.
Le tribunal a finalement relaxé l’Alençonnais de 31 ans pour les faits de vol de la voiture mais l’a reconnu coupable des autres infractions. Pour celles-ci, il a été condamné à un an de prison ferme, à l’interdiction de conduire tout véhicule, « même ceux ne nécessitant pas de permis de conduire », pendant deux ans ainsi qu’à une contravention de 200 €. Les scellés ont été confisqués.
Le propriétaire de la Peugeot 406 a donc été débouté de sa demande.
L’Alençonnais de 31 ans devait également répondre de deux autres faits de vol (de téléphone portable) commis à Alençon le 21 décembre 2015 et le 26 mars 2016. « Ces deux vols caractérisés ont été reconnus par le prévenu, déjà condamnés plusieurs fois pour vols », détaille le procureur de la République avant de requérir six mois de prison ferme et la confiscation des scellés. Le tribunal a suivi ces réquisitions. Le prévenu devra, en outre, indemniser une victime à hauteur de 249 € de préjudice matériel, 200 € de préjudice moral et 400 € de frais d’avocat.