
CMaire de Fresnay-sur-Sarthe, Fabienne Labrette-Ménager a remis récemment, à la maison de retraite de cette commune, la médaille de la ville de Fresnay à André Quinton, né en 1925 à Assé-le-Boisne.
Elle a longuement retracé la vie d’André Quinton : quatrième garçon d’une fratrie de 7 enfants, 4 garçons et 3 filles, avec un père tailleur à Assé-le-Boisne et sa mère Marie-Louise Fleury culottière.
Après ses études primaires à Assé-le-Boisne et son certificat d’études, il entre en apprentissage chez le boucher du village, devenant rapidement commis principal. À la mort de son patron en 1942, il a continué à faire fonctionner le commerce en assurant l’abattage des bêtes et la préparation de la viande et des différents produits de charcuterie.
À l’âge de 18 ans, il quitte la boucherie et se cache dans des fermes pour échapper au STO.
Au BOA
En 1942 pour aider son père au transport des containers, il s’engage dans la Résistance, signant un engagement officiel dans les forces françaises de l’intérieur avec le grade de sous-lieutenant, il est affecté au BOA (Bureau des Opérations Aériennes) dans le réseau « Haine et Ouragan », chargé de préparer dans le bocage des communes de Montreuil-le-Chétif, Mont-Saint-Jean, Sougé-le-Ganelon et Assé-le-Boisne des terrains pour le parachutage de containers d’armes, de matériels, d’argent, ainsi que l’atterrissage d’avions pour l’entrée clandestine de résistants.
Il a participé aux activités du réseau jusqu’en avril 1944 où, sur dénonciation, de nombreux membres du réseau étaient arrêtés par la Gestapo, après une opération de parachutage. Les membres du réseau n’ayant pu s’échapper avaient été regroupés à l’école d’Assé-le-Boisne pour un interrogatoire sommaire, puis conduits au Mans où ils ont été enfermés. Après plusieurs jours d’interrogatoires musclés, personne n’ayant parlé, ils étaient transférés à Paris, puis à Compiègne d’où ils sont partis pour l’Allemagne avec l’avant-dernier convoi de déportés.
Moins 30 kg
Tous les hommes enfermés dans ces wagons à bestiaux ne sont pas arrivés vivants à Neuengamme, leur premier camp.
Affecté à l’atelier de finition des fusées de roues de chars, et n’y connaissant rien en mécanique, il échappait de justesse à la pendaison, et il était affecté à l’atelier peinture, travaillant sous les ordres d’un vieux travailleur allemand qui partageait avec lui son repas, ce qui l’a aidé à survivre. Malgré tout, la sous-alimentation lui avait fait perdre plus de trente kilos.
Merci l’infirmière
Son internement a duré jusqu’au 26 avril 1945 quand les troupes soviétiques ont libéré le camp, regroupant tous les prisonniers pour faire des colonnes qui repartaient à pied vers la Russie. Heureusement, lors d’une halte, une infirmière française attachée à la Croix-Rouge, les entendant parler français, a pu les extraire et leur fournir les moyens (laissez-passer, argent et billets de train) de regagner la France où ils sont arrivés en juin 1945.
A.Quinton regagnait Assé-le-Boisne où son père l’attendait depuis plus d’un mois, les déportés de Neuengamme avaient été libérés par les troupes américaines et les prisonniers avaient pu regagner la France plus rapidement.
Comme deux frères
Après sa démobilisation, avec sa prime et un an de salaire de sous-lieutenant, il monte à Paris pour s’amuser, prendre du bon temps puis trouver du travail dans une boucherie parisienne pour y parfaire sa formation de boucher. De retour à Fresnay pour y chercher du travail, il trouvait une place stable chez M. Bourgeteau, boucher rue Bailleul, devenant rapidement le premier commis. Il précisait toutefois que « ce n’était pas une relation patron-commis, M.Bourgeteau avait été fait prisonnier, on était comme deux frères ».
Après avoir épousé la fille du boulanger de la rue Bailleul, Geneviève Brière, son fils Gérard naissait le 21 janvier 1949.
En 1952, il rachetait la petite charcuterie rue de la Paneterie, travaillant dur pour augmenter le chiffre d’affaires, assurant les tournées plusieurs jours par semaine dans les villages du canton.
Divorcé, il se remariait avec une femme travaillant en banlieue parisienne, mais qui ne voulait pas quitter son travail pour s’installer à Fresnay, n’étant pas du tout commerçante. M. Quinton vendait alors son fonds de commerce en 1958, à Marcel Gallier, une charcuterie qui fonctionne toujours sous la direction de Pierre Gallier, le fils de Marcel.
Légion d’honneur
En 1961, il était décoré, en même temps que son père, chevalier de la Légion d’Honneur, puis en 1962 élevé au grade d’officier. Comme il ne souhaitait pas rester en région parisienne, il avait décidé d’acheter une maison à Fresnay pour y passer sa retraite avec sa seconde femme, ce jusqu’en janvier 2015 où leur état de santé a nécessité une entrée à l’EHPAD de Fresnay. Depuis deux ans, ils y sont pensionnaires où ils sont pris en charge par un personnel très compétent.
À Fresnay, André Quinton a représenté les déportés du canton aux cérémonies officielles commémoratives, il est toujours président de l’association des déportés, même si depuis plusieurs années, pour des raisons de santé, il ne peut plus être présent aux cérémonies.
Alain COUTELLE