« Pas de lamentation. C’est une page qui se tourne et je préfère me pencher vers l’avenir que ruminer le passé ».
Jeannette Jouatel est franche et à la veille de baisser définitivement le rideau de la quincaillerie (bricolage-outillage) qu’elle tient avec son mari, Gilles, à Couteille depuis 43 années, elle veut garder le sourire.
Messages des clients
Mais l’émotion n’est pas loin cependant. Et les nombreux messages des clients ces derniers jours lui font chaud au cœur. L’heure de la retraite a donc sonné pour ce couple bien connu dans le quartier. Avec eux s’arrête la dernière quincaillerie de proximité d’Alençon. C’est une page qui se tourne pour eux mais aussi pour tout un quartier…
Economie difficile
« On a aimé notre métier durant toutes ces années, sinon on ne l’aurait pas fait si longtemps, à travailler 70 heures par semaine, poursuit la future retraitée. Nous sommes un commerce de proximité. Chez nous, le client n’était pas un anonyme ». Aujourd’hui, l’heure est à la liquidation du stock (jusqu’à fin juin, date de la fermeture). Le couple pourrait regretter qu’aucun repreneur ne se soit fait connaître mais il en a fait son deuil…
« C’est comme ça. On aurait préféré sans doute mais on ne va pas s’éterniser là-dessus. Avec la conjoncture économique actuelle, certains hésitent. Avec les grandes surfaces, le commerce a changé. Moi je réfléchirais peut-être à deux fois avant de reprendre une enseigne aujourd’hui… J’ai vu un jeune couple qui au final a eu peur de se lancer et je comprends ».
Deux collaborateurs
Au fil des années, le magasin a évolué, le rayon pêche a disparu. Le quartier aussi a changé depuis les années 1970 mais les clients sont restés fidèles. « Des liens se sont tissés avec beaucoup, confie Gilles. Ils viennent nous souhaiter une bonne retraite. On tient à les remercier pour tout ».
Ce message de sympathie s’adresse également aux deux salariés du couple, Jean-Louis et Véronique. Le premier a fait valoir ses droits à une retraite progressive et la seconde suit divers stages afin de se reconvertir. « Ce sont plus que des salariés, ajoute Jeannette. De vrais collaborateurs ».
Voir la famille
Fini la peinture, les tournevis, les râteaux et autres petits articles ménagers. Les rayons se vident peu à peu. Dès juillet, Gilles et Jeannette vont goûter au repos matinal et profiter de leur famille. Et visiter la France « et ses jolis coins méconnus ».