Basé depuis douze ans à Rabat au Maroc, le musicien natif d’Alençon, Joël Pellegrini, n’en a pas pour autant abandonné sa passion. Bien au contraire ! « Je joue avec beaucoup de groupes et je développe, ici, mes compositions. J’en ai notamment créé quelques-unes pour des réalisateurs de cinéma ».
Déjà primé à Ottawa
Sa dernière bande originale, au profit du film Hayat de Raouf Sebbahi, connaît d’ailleurs un bel engouement. « En 2016, son film a été nominé au Worldfest d’Ottawa. Il a été remarqué puisqu’il a obtenu le Grand Prix, le prix du meilleur scénario et le prix de la meilleure musique », se réjouit l’Alençonnais d’autant qu’au Maroc, « le cinéma n’a pas la même popularité qu’en France. Un million de personnes vont au ciné ici quand 250 millions de Français s’y sont rendus l’an passé ! Et les investissements consacrés à la réalisation sont aussi très inférieurs ! Le film de Raouf Sebbahi est d’un tout petit budget ».

Hayat, c’est l’histoire « d’un bus qui part de France pour Tanger avec une vingtaine de personnes à bord. C’est un huis clos dans lequel les différentes personnalités se font jour et donnent naissance à autant d’histoires différentes ». Un road movie qui « parle aux Américains » puisque Hayat vient également d’être retenu par le festival international du cinéma de Houston au Texas où il est entré en compétition officielle.
À partir du scénario
« Le film de Raouf Sebbahi a même atteint la liste restreinte des dix meilleurs films pour le Remi du meilleur film étranger, de la meilleure réalisation, de la meilleure image et de la meilleure création musicale ! », s’exclame Joël Pellegrini qui voit, là, la consécration d’un travail mené, à l’abri des regards, depuis une grosse décennie.
« Je composais déjà, dans l’ombre, bien avant l’aventure d’Endless (son groupe d’Alençon avec William Dubois et Emmanuel Pincemin alias Mohn). Je m’y consacre davantage depuis que je suis au Maroc. J’ai notamment déposé plus de 200 titres à la Sacem ». S’il reste fidèle à la tradition occidentale, il s’inspire néanmoins des ambiances orientales avec le oud, un instrument à cordes frottées « qui apporte la note orientale ».

Pour les bandes originales de film, Joël Pellegrini s’inspire essentiellement du scénario. « Je compose les musiques à partir de sa lecture puis j’effectue des recherches. Ça laisse libre alors que dans l’image il y a quelque chose d’esthétique qui peut influencer. C’est passionnant ! », reconnaît l’Alençonnais.
Régulièrement de retour à Condé
Parallèlement à ses prestations scéniques avec des groupes et ses compositions au profit de réalisateurs, Joël Pellegrini produit aussi ses propres spectacles. « Je viens de créer « Le bateau fantôme » avec deux Roumains (une chanteuse soprano et un virtuose au piano qui me relaie aussi à la batterie) et un Marocain, joueur de oud. C’est une création différente de Cracheur de Pierre, moins spectaculaire, plus intimiste. Textes, poésie (en français, italien et arabe) et musiques s’entremêlent autour d’une trame qui nous emmène quelque part et cela sur un bateau… J’ai commencé cette création sur la terre normande avec la danseuse chorégraphe Nathalie Vallée ».
Toujours en lien avec la Normandie où il est resté en contact avec de nombreux amis, « et mes parents à qui je rends visite l’été, à Condé-sur-Sarthe », Joël Pellegrini n’exclut pas le fait d’exporter ce nouveau spectacle sur ses terres natales. « Ce serait un vrai plaisir que de le ramener là ! C’est une belle création ! », sourit l’enfant du pays, concepteur de l’école de batterie Pierrot, pour les enfants, « et dont la méthode est éditée dans toute la France ».

Il enseigne d’ailleurs toujours la batterie, à Casablanca, « dans une école Pierrot » basée au studio des Arts Vivants, « une structure incroyable qui compte une école de musique, une école de danse, une école d’arts plastiques et un théâtre de 600 places ! »
Édité par L’Harmattan
Père de deux enfants « à la double nationalité franco-marocaine », Joël Pellegrini s’épanouit donc pleinement au Maroc. « Mais je ne renie pas pour autant mes racines et je n’ai pas tourné la page de la France. J’y reviens souvent notamment parce que mes musiques sont éditées par les éditions L’Harmattan ».
Néanmoins, l’Alençonnais ne cache pas son inquiétude à l’issue du premier tour de la Présidentielle. « Je suis allé voter à Rabat le 23 avril et j’y retournerai le 7 mai parce que ça me désole cette montée de l’extrême droite, ce rejet de l’autre et tous les amalgames qui vont avec. »
Joël Pellegrini a composé la bande originale du film Hayat de Raouf Sebbahi, retenu dans la liste restreinte des dix finalistes du festival de Houston au Texas.Joël Pellegrini a composé la bande originale du film Hayat de Raouf Sebbahi, retenu dans la liste restreinte des dix finalistes du festival de Houston au Texas.18190844_10212778787933650_587578403_n.jpgcdrondeleretourdufils.pngJo-piano-1-.jpgScomparsa-31-2.jpgScomparsa-32-1.jpg