Le 21 août 2015, vers 19 h 30, à Condé-sur-Sarthe, un accident de la route a coûté la vie à un couple de trentenaires. Alors qu’il faisait route vers La Ferrière-Bochard au volant d’une Peugeot 406, un jeune homme de 20 ans s’est déporté sur la voie de gauche, à la sortie d’une légère courbe, au moment où survenait, en sens inverse, une Clio transportant un jeune couple et leur fillette alors âgée de 2 ans.
« Sous cannabis actif »
Le choc a été inévitable. « Et violent au regard de l‘état des deux voitures, hors d‘usage ». Dans cette collision frontale, le conducteur de la Clio est décédé sur le coup. Sa compagne et passagère avant du véhicule, grièvement blessée, a été héliportée vers le CHU de Caen « dans un état critique » où elle est décédée deux jours plus tard.
À l’arrière, leur fillette a, elle aussi, été gravement touchée. Dirigée vers le centre hospitalier d’Alençon, l’enfant a écopé d’une ITT de 45 jours (six semaines) en raison d’une fracture du tibia-péroné.
Le conducteur de la Peugeot 406, indemne, s’est extrait seul de la voiture.
L’enquête a montré que « seule la Clio avait freiné » sur 14 mètres. « Le freinage a bloqué les roues », précise la présidente du tribunal devant lequel le jeune conducteur comparaissait jeudi 27 avril pour un double homicide involontaire et des blessures involontaires par un conducteur ayant fait usage de stupéfiant.
Son contrôle salivaire aux stupéfiants s’est, en effet, révélé positif. L’analyse de sang consécutive a établi un taux de THS à 10 nanogrammes par millilitres. « Ce taux correspond soit à un consommateur régulier et important, soit à un usager qui venait d‘en consommer », rapporte la présidente qui rappelle au prévenu qu’il était donc « sous cannabis actif au moment des faits ».
Ce qui induit notamment comme conséquences, « un prolongement du temps de réaction, une modification des perceptions visuelles et auditives, une diminution de la vigilance et une difficulté à effectuer des activités complexes ».
À la barre, comme durant l’enquête, le jeune homme annonce ne se souvenir de rien. « Je me rappelle d‘être parti d‘où j‘étais, d‘être sorti de ma voiture par le pare-brise après l‘accident et d‘avoir vu le corps du conducteur dans la Clio ». Mais il n’a aucune image du choc.
Le Parquet a requis trois ans de prison dont 18 mois assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans ainsi que des obligations de travail, de soins et d’indemnisation. Le Ministère Public souhaite également l’annulation du permis de conduire du prévenu, l’interdiction de se présenter à l’examen avant 8 mois et de conduire tout véhicule pendant 18 mois.
L’affaire a été mise en délibéré. Le jugement sera rendu jeudi 18 mai à 14 h.