Entre gants de boxe et talons hauts, Maëva Victor a fait le choix… de ne pas choisir ! La jeune boxeuse alençonnaise de 23 ans concilie ses deux passions : la boxe et les défilés de mode. Sans aucun problème assure-t-elle.
Se défouler
Voilà trois ans que la jeune femme pratique la boxe au sein du Ring Alençonnais, club dirigé par Michel Corbière. Adepte jusque-là du basket, elle a opté pour un sport de combat « afin de me défouler », explique-t-elle. Le plaisir est immédiat.
« J’aime la cohésion et le fair-play de ce sport. C’est aussi se prouver que l’on peut faire quelque chose ».
Se retrouver seule face à un adversaire est un défi qu’elle savoure chaque fois qu’elle pose un pied sur le ring. Mais pas question de laisser sa féminité au vestiaire. Dans ce monde un brin masculin, Maëva a su trouver sa place. « Nous sommes une dizaine de filles au sein du club. Et tout se passe très bien ». Son entraîneur, Philippe Seurin, confirme : « au début il y a peut-être eu des réactions un peu sceptiques de la part de certains garçons mais le respect se gagne rapidement ».
Autour d’elle, Maëva a également dû convaincre ses proches : « Mes parents avaient un peu peur. Personne ne pratique la boxe dans mon entourage ». Peur du nez cassé et des coups sur le corps… Car Maëva n’a rien d’un garçon manqué et aime la mode et les photos. Elle a notamment défilé à plusieurs reprises pour le salon du mariage d’Alençon ainsi que pour une marque de vêtement. Et elle compte bien poursuivre cette activité et reprendre les photos de mode très bientôt.
Alors, boxeuse et mannequin ?
« Je ne me suis pas trop posé la question. Pourquoi choisir ? Si un jour je ne peux vraiment pas défiler à cause de bleus au visage, tant pis. Ce ne sera pas la fin du monde. Et puis, on ne prend pas tant de coups que cela. C’est une fausse idée : au contraire, l’objectif lors d’un combat c’est justement de ne pas en prendre ».
Michel Corbière renchérit : « la boxe, c’est l’escrime du poing, c’est apprendre à toucher sans se faire toucher ». Quant à la probabilité de se casser le nez, elle serait très faible, « la boxe est classée au 33e rang au niveau des blessures en sport ».
Championne de Normandie
Et Maëva ne fait pas les choses à moitié. Pour la première fois cette année, elle a débuté la compétition. Les entraînements sont plus intensifs et les résultats ne se sont pas fait tarder… À Rouen début mars, elle a remporté le titre de championne de Normandie (catégorie Espoir, -54 kg). « J’avais beaucoup de trac et il s’est vite envolé », confie l’Alençonnaise. « Passer à la compétition, c’est un aboutissement. C’est aussi jauger ce que l’on vaut. Comme un challenge personnel ». Pour Michel Corbière, la jeune femme a un « mental de guerrière », précisant :
« elle arrive à maîtriser son stress dès que le gong retentit. C’est une vraie force. Elle a beaucoup de potentiel ».
Un premier trophée d’une longue série ? En attendant, elle se rendra en mai à un stage en compagnie de l’équipe de Normandie. Puis elle reprendra les défilés de mode cet été. « Quand je dis que je fais de la boxe, on ne me croit pas » sourit Maëva. Elle est pourtant la preuve que rien n’est impossible.