« On a très envie de transmettre nos valeurs, fonder notre foyer ». Amoureux depuis dix ans, Clotilde et Emmanuel Bariteau rêvent d’un enfant. Mais le couple résidant à Saint-Pierre-des-Nids ne peut donner la vie. Ce serait trop risqué pour le bébé et pour Clotilde : « Je suis atteinte d’amyotrophie spinale infantile depuis mes neuf mois », annonce-t-elle. Une maladie génétique caractérisée par la faiblesse et l’atrophie des muscles. « La grossesse devrait être interrompue à huit mois et une trachéotomie serait obligatoire ».
Pas possible d’adopter
Le couple, marié depuis cinq ans, a voulu adopter. « Nous avons entamé les démarches en 2011 ». Mais les tests psychologiques ont conclu à un rejet de la demande : « On nous a expliqué que ce serait un double traumatisme, pour l’enfant adopté, que d’avoir une maman en fauteuil roulant ». Profondément déçus, les trentenaires n’ont toutefois pas renoncé. En octobre dernier, une nouvelle solution est envisagée : la gestation pour autrui (GPA), ou le recours à une mère porteuse.
« Nous avons vu un reportage qui nous a motivés : il montrait combien la pratique était sérieuse et fiable aux USA ». Très vite, les Poôtéens prennent contact avec une maman témoignant dans ce documentaire : « Elle a eu deux enfants, avec deux mères porteuses différentes. Elle est aujourd’hui comblée ».
Ils sont aussi mis en lien avec un professionnel qui les oriente : « Il y a des choses à ne pas faire, des agences à éviter ». Car la pratique, illégale en France, connaît des dérives. Notamment dans certains pays de l’Est. « Mais ce n’est pas le cas aux États-Unis », assure le couple qui aimerait tordre le cou aux idées reçues :
« On entend toujours parler de marchandisation du corps. Mais c’est important de dire que la GPA c’est aussi des belles histoires, des mères porteuses heureuses d’être enceintes, d’aider. C’est une solution pour de nombreux couples ».
Clotilde et Emmanuel Bariteau aimeraient réaliser leur projet avec la clinique de San Diego. Les spermatozoïdes d’Emmanuel seront prélevés, tout comme les ovocytes de Clotilde. Après fécondation, l’embryon créé sera implanté dans le ventre d’une mère porteuse.
« L’enfant naîtra donc aux USA mais pourra obtenir sans difficultés la nationalité française à notre retour ». En tout, les Mayennais devront effectuer trois séjours outre-Atlantique : pour la ponction ovocytaire, pendant la grossesse, et à l’accouchement. Mais la solution a un coût : 100 000 €.
Soirée crêpes à Condé
Une somme dont les jeunes mariés ne disposent pas :
« Je suis l’aidant de Clotilde. J’ai aussi une activité d’éleveur de chiens et chats mais mes revenus sont insuffisants. Nous avons déjà un crédit immobilier et nous ne pouvons en contracter un deuxième », confie Emmanuel Bariteau.
Le couple a donc créé une association – « Un bébé pour Clo et Manu », une page Facebook, et lancé un appel aux dons. Une cagnotte en ligne a été ouverte sur leetchi.com.
La solidarité s’organise aussi localement : « Des amis ont prévu une soirée crêpes. Elle aura lieu le 25 mars, à Condé-sur-Sarthe ». L’événement sera animé avec spectacle de magie et présence d’un tatoueur. Tous les bénéfices seront reversés à l’association.
Des flyers accompagnés de petites tirelires ont par ailleurs été disposés chez les commerçants.
Loto ?
D’autres opérations suivront : « Nous pensons à programmer un grand loto ». Environ 2 500 € ont déjà été récoltés.
Les amoureux ont-ils bon espoir de rassembler un jour la somme escomptée ? « Même si nous économisons un maximum, nous doutons de pouvoir réussir un jour. Mais nous n’abandonnerons pas et espérons qu’avec la médiatisation de notre histoire, les élans de générosité se multiplieront ».
Soirée crêpes au profit de l’association « Un bébé pour Clo et Manu », samedi 25 mars, à partir de 19 h, salle des fêtes de Condé-sur-Sarthe. Contact : 06 86 16 38 54. Pour faire un don : www.leetchi.com