Le tir sportif n’est pas un sport à la marge. Discipline olympique depuis 1896, elle regroupe plus de 200 000 licencié(e)s en France, en hausse constante depuis plusieurs années.
En revanche, le tir est pratiqué à 90 % par des hommes. Samira Huard fait donc figure d’exception dans le paysage de son sport. Encore un peu plus depuis le mercredi 1er février, jour où elle a décroché le titre de championne de France de tir à la carabine à 10 m. Une première en senior première division (Dame 1) pour cette athlète alençonnaise de seulement 23 ans, qui d’année en année a confirmé tous les espoirs placés en elle.
Renversante en finale
Déjà championne de France en catégorie jeune, Samira a notamment dominé, à Montluçon, l’une des meilleures tireuses de France, Jennifer Olry, détentrice du record national. « Je ne m’attendais pas spécialement au titre », savoure la licenciée de l’ATCP Alençon.
« Je suis passé en finale de justesse, en dernière position. Mais j’ai su rester dans ma bulle pour faire une finale de très bon niveau. J’étais presque dans un état second. »

L’exploit est d’autant plus grand que le tir à 10 m n’est pas forcément la spécialité de Samira. « Je suis plutôt spécialisée dans le 3×20 à 50 m (20 tirs consécutifs dans 3 positions différentes) », reconnaît-elle. « D’ailleurs je ne suis pas qualifiée pour les championnats d’Europe du 10 mètres qui ont lieu en mars. » La championne de France en titre ne sera donc pas présente en Slovénie et c’est justement Jennifer Olry, sélectionnée, qui sera du voyage.
Les JO : un rêve devenu objectif
Samira Huard vise en revanche d’autres objectifs. Elle compte bien être de la partie pour les championnats d’Europe du 50 m, qui auront lieu à Bakou (Azerbaïdjan) en juillet. Les sélections auront lieu fin avril.
Elle compte aussi participer à « une ou deux coupes du Monde », à Munich du 17 au 24 mai, et de nouveau en Azerbaïdjan du 5 au 13 juin.
Surtout, l’Alençonnaise a déjà de plus grosses cibles dans le viseur. Elle veut décrocher son billet pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
« Les JO, j’y pense vraiment depuis cette année et on y travaille avec mon entraîneur. C’est un rêve qui est devenu un objectif. »
Atteindre une finale internationale

Pourquoi y penser si tôt ? D’abord car cela demande une longue préparation. Mais surtout car « les sélections se font par quotas sur les deux années précédant l’Olympiade », explique-t-elle. Pour espérer être aux JO, il faudra donc atteindre au moins une finale des championnats d’Europe, du Monde ou de Coupe du Monde.
« Cela s’annonce compliqué car en plus des concurrentes actuelles, des juniors d’un très bon niveau vont arriver en seniors d’ici là. »
Celle qui a débuté le tir en compétition à 10 ans et demi se donne les moyens d’atteindre son incroyable challenge. Étudiante en psychomotricité, elle est également membre du Creps (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance sportive) de Wattignies, dans le Nord.
Persévérance et exigence
« J’ai la chance d’être dans une école qui est sensible à mes performances sportives et qui me permet d’aménager mes cours. C’est une chance car rien ne les y oblige. »
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Un atout majeur pour participer aux compétitions, notamment internationales, et pour ses 10 heures d’entraînements hebdomadaires. Cela lui permet de peaufiner, au-delà des propriétés physiques, les qualités de tout tireur.
« La persévérance et l’exigence sont des atouts essentiels pour le tir. C’est un sport qui nécessite beaucoup de contrôle de soi. »
Elle en a fait la démonstration pour décrocher son premier titre majeur en senior, elle en aura besoin pour accrocher son premier ticket pour les Jeux Olympiques.