Depuis le 15 février, la nouvelle adresse de la Banque alimentaire de l’Orne est le 1,3 rue Edouard-Belin, à Alençon. L’association a quitté les locaux du Conseil départemental pour un entrepôt plus grand (600 m2, dont 100 m2 de bureaux). Situé sur le pôle d’activités d’Ecouves (à proximité de l’hippodrome), il abritait auparavant l’entreprise Rivière (couvreur).
Pas le choix
Bien que permettant un gain d’espace, le déménagement n’a pas été choisi : la Banque alimentaire était acculée à quitter les locaux du Conseil départemental qu’elle occupait gracieusement depuis plus de 20 ans. « Le Département souhaite recentrer ses services boulevard de Strasbourg en réimplantant un certain nombre d’activités jusqu’alors externalisées », explique Claude Weill, président de l’association.
Depuis un an, les bénévoles de l’association permettant la distribution de denrées alimentaires aux plus démunis étaient en quête d’un nouveau toit.
« Ça n’a pas été simple de trouver : on entend dire que l’activité économique est moribonde, mais c’est faux. Il y a peu de locaux commerciaux disponibles », rapporte le président.
Surtout, l’association a dû faire scrupuleusement ses comptes. Fini la gratuité, désormais, elle doit payer un loyer, ainsi que l’ensemble des frais afférents (fluides, gardiennage…). Coût estimé : 40 000 € par an. Le montant de la participation au financement des frais généraux de la Banque a été revu à la hausse : les associations et CCAS (Centre communal d’action sociale) qui bénéficient des produits redistribués par l’association doivent désormais s’acquitter de la somme de 3 € par bénéficiaire et par mois (contre moins d’1 € jusqu’alors).
Mais, même si les 44 partenaires jouent le jeu (36 CCAS, huit associations), ce ne sera pas suffisant. L’association va aussi puiser dans sa trésorerie. Comme elle l’a fait pour financer les travaux d’aménagement (100 000 €, dont un tiers a pu bénéficier d’une subvention exceptionnelle de l’État. Le Groupe Maisons France Confort a aussi apporté son aide via un mécénat).
Et après ? « Nous n’aurons plus de trésorerie de secours. Il est donc primordial que les collectivités mesurent l’impact de ce déménagement et s’engagent à payer une partie de notre loyer », alerte Claude Weill.
Appel à l’aide
Le message est adressé aux « deux plus importants partenaires » de la Banque Alimentaire : le Conseil départemental et la Ville d’Alençon. Le président souhaite une « subvention pérenne ». La demande a été formulée. Mais, pour l’heure, pas de réponse écrite.
« Si les institutionnels ne mettent pas la main à la poche, l’existence de la Banque alimentaire dans l’Orne sera remise en question », prévient le président.
Le rôle de l’association est pourtant essentiel sur le territoire. Grâce à une logistique bien huilée (et portée par une quarantaine de bénévoles), la Banque récolte des produits gratuits (ils viennent de l’Europe, de la collecte annuelle, de la « ramasse » effectuée chaque matin dans les grandes et moyennes surfaces et de l’industrie agroalimentaire) qu’elle redistribue à ses 44 partenaires. Au final, les denrées profitent à 4 000 bénéficiaires ornais.
Une « mission de service public », mais « sans les finances qui vont avec », conclut Claude Weill.
Banque alimentaire de l’Orne, 02 33 27 28 56.