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Christiane et Pierre Talvard, complices depuis 50 ans

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Christiane et Pierre Talvard, un couple uni depuis cinquante ans. -
Christiane et Pierre Talvard, un couple uni depuis cinquante ans. -

« J’ai connu Christiane toute gamine ! Je la faisais danser sur mes genoux ! » Pierre Talvard a le regard rieur quand il évoque ce souvenir partagé avec celle qui est, quelques années plus tard, devenue son épouse.

« Mon grand frère était le meilleur ami de son frère. Et nos familles faisaient comme un noyau. Du coup, quand j’allais chez les parents de Christiane avec mon frère, je la voyais. Et quand j’avais 10 ans, elle en avait 4 donc on jouait avec elle et on la promenait en lui tenant la main ! »

Serrurier dès l’âge de 14 ans

C’est cette main qu’un beau jour de 1965, il est allé « demander » aux parents de Christiane pour pouvoir partager sa vie. Après ce « coup de cœur » du 1er mai. « J’ai toujours bien aimé offrir des fleurs aux femmes. Ce 1er mai, j’avais acheté quelques bouquets de muguets et en rentrant chez moi avec le frère de Christiane, je lui ai dit : « Tiens, le dernier sera pour ta sœur ! » Il leur a porté chance ! « Elle m’a écrit une jolie lettre quelques jours plus tard. Que j’ai conservée ! Et là, je me suis dit qu’il y avait quelque chose ! » Un quelque chose qui ressemble à l’amour, à n’en pas douter.

C’est ainsi que Pierre Talvard, né le 28 mai 1940 rue Candie à Alençon, et Christiane Cescutti, née le 24 janvier 1946 à Saint-Germain-du-Corbéis, ont uni leurs destinées le 7 janvier 1967. « On devait se marier en juillet mais Christiane a voulu devancer l’appel ! J’ai accepté ! Pourtant, elle n’était pas majeure à cette époque », sourit l’alerte septuagénaire qui s’était installé à son compte en mai précédent.

Issu d’une famille très modeste, Pierre a occupé son premier emploi à l’âge de 14 ans. « À cette époque, on ne choisissait pas. J’en avais marre de l’école. Mon père m’a trouvé du travail chez Mme veuve Soreau, rue Eugène Lecointre à Alençon, comme serrurier. Je ne me suis pas posé de questions : j’y suis allé ». Le métier lui a plu.

60 heures par semaine

En 1960, « le 3 juillet, un jour de corso à Alençon », il est « incorporé » dans l’armée. « Je suis resté quatre mois en France avant de partir vingt mois en Algérie ». Libéré de ses obligations militaires, il retrouve son poste de serrurier chez Mme Soreau. « Et comme je n’avais pas d’argent, je suis retourné vivre chez mes parents. Sans eux, j’aurai été à la rue ! »

Samedi 7 janvier 1967 : Pierre et Christiane unissaient leurs destinées
Le samedi 7 janvier 1967 : Pierre et Christiane unissaient leurs destinées

En mai 1964, il crée son entreprise. « Je voulais m’installer. Mais Mme Soreau m’a toujours dit qu’elle me reprendrait si ça ne marchait. Tout en m’encourageant dans ma démarche car elle croyait en moi ». L’instinct féminin probablement ! Car la serrurerie Talvard a rapidement prospéré. « Pourtant, on était cent ouvriers serruriers à Alençon à l’époque ! » Pour cela Pierre, de nature joviale et affable, a notamment su se rendre disponible pour ses clients. « On faisait 60 heures par semaine ! »

« Pas de relation père-fils au travail »

Parallèlement, cette année-là, Christiane fait son entrée dans le monde professionnel. Fraîchement diplômée d’un BEPC (devenu Diplôme national du Brevet, ndlr), la jeune Corbenoise est embauchée comme secrétaire à l’imprimerie Corbière et Jugain, rue de la Halle aux Toiles à Alençon. En 1971, elle intègre le Bureau commun automobile (BCA), un bureau d’expertise qu’elle n’a quitté qu’à la retraite, le 1er février 2006.

À sa fonction de secrétaire, elle a cumulé celle d’assistante de son mari artisan. « Je faisais la gestion, la comptabilité, les devis… On en a passé des week-ends dans le bureau au lieu de faire de la moto ! », confie Christiane, non sans regrets au regard de la renommée dont jouit toujours leur société.

Elle est aujourd’hui entre les mains de Sylvain, leur fils aîné, né le 17 novembre 1968. « Tout petit, il voulait m’accompagner sur les chantiers. Ce qui m’a d’ailleurs valu quelques remarques ! Mais c’était à sa demande ! Il a même voulu une côte de travail comme la mienne. À l’époque, ce n’était pas facile d’en trouver ». À 16 ans, Sylvain Talvard manifeste sa volonté de travailler aux côtés de son père. « Alors qu’il marchait bien à l’école ! J’ai dit : « OK mais, au travail, il n’y aura pas de relation père-fils, ce sera patron-ouvrier ! » Manifestement, ça a plus que fonctionné.

De la moto au camping-car

Christiane et Pierre ont également donné naissance à un second fils, le 22 juillet 1970. « Philippe n’a, lui, jamais voulu travailler à la serrurerie ! », se souvient Pierre. Il préférait la vie urbaine et les grandes métropoles. À 17 ans, il a mis le cap sur Paris. Où il est décédé d’un anévrisme au cerveau en mars 2000.

Une épreuve difficile pour la famille Talvard à l’heure où Pierre devait prendre sa retraite. Le couple l’évoque aujourd’hui avec beaucoup de dignité. « On avait d’autre chose à penser qu’à mon départ de l’entreprise », convient Pierre qui a finalement transmis le flambeau à Sylvain à l’été 2001.

Depuis, Christiane et Pierre s’accordent enfin du temps. Pour voyager (« On est allé en Thaïlande, en Chine, en Laponie où on a fait de la motoneige, en Sicile, en Italie, aux Canaries, et l’hiver dernier en Norvège, à Bergen, pour voir notre petite-fille »), pour leurs deux petits-enfants aussi : Laurine et Quentin (aujourd’hui âgés de 23 et 18 ans), pour leurs nombreux amis et leurs passions. Parmi ces dernières, la moto a occupé une jolie place.

De l’amour et des concessions

« À 40 ans, j’ai acheté la moto de mon neveu : une Goldwing ! Je n’avais même pas le permis ! Je lui ai laissé jusqu’à ce que je l’obtienne». Une remorque fixée à l’arrière de la deux-roues « Yamaha façon Harley », le couple a ainsi visité la France et les pays limitrophes. « On faisait des concentrations avec des amis. On dormait dans des campings ». Pierre a aussi mis son loisir à profit des organisateurs d’Alençon-Médavy. Avant d’être relayé par son fils Sylvain, « pilote officiel » des journalistes de l’Orne-Hebdo sur la célèbre course pédestre.

Depuis quelques années, le couple a lâché le guidon. Pour investir dans un camping-car. Et continuer de tracer la route. « On a cela en commun : on aime bien bouger ! », affirme Christiane en contemplant les cinquante années qu’ils viennent de dérouler côte à côte.

Samedi 7 janvier 2017, à nouveau à la mairie de Saint-Germain-du-Corbéis : Pierre et Christiane Talvard ont, à nouveua, échangé leurs consentements, entourés de Sylvain, leur fils, Isabelle, leur belle-fille, Laurine et Quentin, leurs petits-enfants
Samedi 7 janvier 2017, à la mairie de Saint-Germain-du-Corbéis : Pierre et Christiane Talvard ont, de nouveau, échangé leurs consentements, entourés de Sylvain, leur fils, Isabelle, leur belle-fille, Laurine et Quentin, leurs petits-enfants

« L’Amour fait beaucoup de choses, c’est évident, mais ça ne fait pas tout », ajoute la pétillante Alençonnaise. « Il faut aussi faire des concessions, trouver un terrain d’entente ». Pierre opine du chef, non sans lâcher, le sourire aux lèvres : « Oui mais ici, c’est ma femme qui commande ! »

Une crèche « pas pour le folklore »

Chez les Talvard, la complicité est de mise. Et pas que dans les taquineries. Dans leurs réalisations aussi. Pour preuve : la crèche qu’ils fabriquent chaque année (« parce qu’on est très croyants, pas pour le folklore ! ») et qui occupe une large place dans l’ancien atelier réhabilité en salon. Cette année, Christiane et Pierre ont ressorti du grenier, les petits trains électriques de leurs enfants qu’ils font rouler à travers un splendide décor de Noël, surplombé d’une crèche illuminée.

« Il nous faut trois semaines à un mois pour tout construire ! Cette année, il a fallu quarante prises électriques pour tout éclairer ! » La beauté de la scène fait se déplacer les amis et les voisins. Et donne lieu à un joyeux temps de partage. À l’image du ciment qui scelle le couple depuis 50 ans.


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