La tuberculose serait de retour ! Une affirmation erronée selon le Dr Eric Bouchaert, pneumologue à l’hôpital d’Alençon. En réalité, elle n’a jamais disparu. « Même s’il n’y a pas d’aggravation des chiffres, elle est toujours présente », assure le médecin selon qui « en France, on enregistre huit déclarations de tuberculose pour 100 000 habitants. Ces chiffres sont stables même s’il y a eu une petite augmentation dans les années 1990 à cause du VIH ».
« Pas l’origine qui favorise la maladie »
À l’échelle mondiale, ce nombre augmente à 130 déclarations pour 100 000 habitants. « Certaines régions comme l’Île de France, par exemple, où la population est dense, enregistrent davantage de déclarations. On assiste aussi à une reviviscence de la tuberculose chez les sujets de plus de 80 ans ». En revanche, elle n’est que de 0,2 pour 100 000 chez les moins de 5 ans.
Le pneumologue note aussi que « des gens nés en France sont moins touchés que certains qui arrivent en France en provenance d’une région bien touchée ».
Mais, insiste le praticien, « ce n’est pas le fait d’être d’origine étrangère qui favorise la maladie ».
Comment se transmet-elle ? « La tuberculose est une maladie contagieuse par le postillonnage ». Le bacille de Koch (bactérie à l’origine de la tuberculose) est transporté dans les gouttelettes qui sortent de notre corps et qui « même si elles ne sont pas visibles, peuvent parfois atteindre trois à quatre mètres de distance ». Et quand « le bacille rentre dans les voies respiratoires, il se développe à l’intérieur de nos cellules ». Cette contamination directe peut être évitée par « le port d’un masque ».
« Une toux qui persiste plusieurs semaines »
Si la tuberculose pulmonaire est la forme la plus courante, cette maladie peut aussi être osseuse ou génitale. Avec « 1,5 millions de mort dans le monde par an », la tuberculose est la cause de décès la plus fréquente.
Les symptômes les plus fréquents sont « des sueurs la nuit, la toux et l’amaigrissement ». La seule et unique mesure de la déceler reste la radio. Pour Eric Bouchaert, il ne doit pas y avoir le moindre doute : « Quand une toux persiste plusieurs semaines chez un sujet qui ne tousse pas d’habitude, il faut venir faire une radio. Chez un sujet dont la toux est habituelle, comme les fumeurs par exemple, si celle-ci s’aggrave et, là encore, dure plusieurs semaines, il faut aussi impérativement venir passer une radio. Car une radio trop tardive engendre une contamination ! »
Jusqu’alors préventif contre la tuberculose, le vaccin BCG est, selon le Dr Bouchaert, « très discuté car la souche étant atténuée, il a perdu de son efficacité au fil des années ».
Cela dit, « on considère qu’il est efficace pour protéger des formes graves de la tuberculose et est utilisé dans des milieux très à risque ». Tout comme, « avec le BCG, on ne fait pas de méningite tuberculeuse ».
Il se fait méfiant aussi sur les réactions au vaccin BCG. « Elles sont à apprécier au cas par cas ». Avant de conclure : « Pour diagnostiquer la tuberculose, la radio doit être systématique ! »