Il était « tellement passionné » qu’il n’a « jamais senti la fatigue ». Pas une seule fois, en quarante ans, il est venu « à reculons » au travail. Raymond Henry, 68 ans, a donné beaucoup. À la tête des urgences et du Samu (service d’aide médicale urgente) du centre hospitalier d’Alençon depuis plus de 30 ans, il cessera officiellement d’exercer le 31 décembre.
Une grande page se tourne pour le docteur qui a contribué à doter l’Orne de véritables réseaux d’urgences. « À mon arrivée, le Samu c’était une petite salle et une ou deux personnes qui répondaient au téléphone », se souvient-il.
« Un challenge »
Tout était à construire, dans un département rural, parfois oublié. Une gageure. Qui a motivé le jeune médecin :
« En 81, j’étais anesthésiste à l’hôpital de la Roche-sur-Yon depuis trois ans. Le gouvernement socialiste a fait changer les statuts, et les créations de postes ont été annulées là-bas ».
Pour évoluer, il fallait viser ailleurs. « J’ai pointé l’Orne, où il y avait tout à créer. Je voulais être utile ».
Le natif de Camaret-sur-Mer (Finistère) est arrivé en septembre 1984 à l’hôpital d’Alençon. Avant, il a fait ses études à Brest, et s’est formé à la spécialité d’anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes. Issu d’une famille de pêcheurs et d’agriculteurs, Raymond Henry est venu à la médecine de manière « accidentelle » : « J’ai rencontré des gens en mauvaise santé. Je voulais les réparer ».
Un leitmotiv qui ne l’a jamais quitté, a nourri son opiniâtreté.
Alençon va vite en profiter : réorganisation du Samu et hausse des effectifs des permanenciers (1985/86), création du centre 15 de l’Orne avec la participation des médecins libéraux (1990), dotation d’un hélicoptère basé à Alençon H24 (1993), ouverture de 15 postes d’ambulanciers et création d’antennes SMUR dans tout le département (à partir de 93), recrutement d’une secrétaire et d’infirmiers au Samu et au Smur (95), restructuration des urgences (2000), ou encore présence d’un médecin régulateur H24 au Samu (2012) sont autant d’évolutions impulsées par le médecin-chef.
« On a vécu à haut risque, en multipliant les fonctions. Mais, aujourd’hui, le Samu centre 15 a acquis ses lettres de noblesse ».
Ce Samu, en phase avec les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) n’a que deux ans. Il en aura fallu 30, pour le façonner.
Lire dans l’Orne Hebdo du 22 décembre