Un heureux événement lui a fait sauter le pas.
Depuis un peu plus d’un mois, David Béasse est papa pour la première fois. Actuellement en congé paternité, l’entraîneur de la section tennis de table de l’Étoile alençonnaise ne reviendra plus dans la salle de la rue de Verdun avec la casquette qui était la sienne.
Pas le métier d’une vie
La séparation avec son « club de cœur » s’est faite comme leur union : « naturellement ».
« J’ai toujours su que je ne ferais pas ce métier toute ma vie car cela demande beaucoup d’investissement. Il faut être hyper-disponible en semaine comme lors des week-ends. »
À 40 ans, l’Alençonnais « pure souche », présent au club depuis 30 ans et qui entamait sa 17e saison en tant qu’entraîneur professionnel a vu sa vie évoluer et avait besoin de changement. « Cela faisait deux ans que je me posais la question. L’arrivée de mon enfant a bousculé les choses. »
Le pongiste a prévenu ses dirigeants avant l’entame de la saison pour leur laisser le temps de lui trouver un remplaçant.
Le parcours « à l’envers »

David Béasse est un simple joueur de tennis de table à Alençon lorsqu’il obtient son Brevet d’État d’éducateur sportif en 1998. Mais ce n’est pas au sein de son club qu’il débute. Alors que l’Étoile est coachée par son tout premier entraîneur professionnel, Christophe Cornilleau, David Béasse rejoint le pôle France de Caen, en tant qu’entraîneur adjoint. « J’ai donc d’abord entraîné au niveau national avant d’intégrer un club régional. C’est un peu le parcours à l’envers », sourit-il.
« Quand un entraîneur national vous propose d’être son adjoint à 20 ans, ça ne se refuse pas. »
Il est donc formé à bonne école avant de revenir sur ses terres en 2000, lorsque le pôle France de Caen ferme.
Des souvenirs pleins la tête
Il se souvient parfaitement du jour de son arrivée, « le 16 août 2000 » précisément. Il se remémore aussi qu’un mois plus tard, la salle de sport de l’époque, alors située sur l’avenue Wilson, brûle. L’espace gymnastique est détruit. « Pas celui du tennis de table », regretterait presque l’entraîneur qui a dû attendre 2009 pour que les tables de tennis de table déménagent dans la salle flambant neuve, derrière la gare.
Des souvenirs, David Béasse en garde « un paquet ». Parmi les meilleurs, il cite le tournoi international organisé par le club au parc Élan (ancien Anova) et dont il a largement participé à son développement. « À l’époque, c’était le meilleur tournoi de France », s’exclame-t-il. « Il y avait plus de 700 joueurs répartis dans les trois halls. Nous faisions aussi une journée pour les scolaires, à laquelle 1 500 enfants participaient.»
« Si quelqu’un me disait de refaire un tel tournoi, je lui répondrais qu’il est complètement fou ! »
Sur le plan sportif, il retient ses belles années de joueur, aux côtés de Fabrice Vinclair et de Jeremy Collet, « tous issus du club ». Ensemble, ils ont emmené l’Étoile en Nationale 3 pendant plusieurs années.
« Les joueurs ne nous appartiennent pas »
Il cite également « la meilleure année de [sa] carrière », en 2015. Quatre de ses protégés ont atteint les championnats nationaux cette année-là. Le jeune William Pessy, est même devenu champion de France et a sauté dans les bras de son entraîneur au moment de son sacre. Depuis, le garçon de 11 ans a rejoint le pôle France de Tours.
« C’est toujours un pincement au cœur de voir partir des jeunes que l’on a vu progresser et qu’on apprécie. Mais j’ai toujours considéré que les joueurs ne nous appartiennent pas. »
« Il est normal qu’ils partent pour progresser davantage. »

Ancien joueur, il a tout de suite eu « moins envie de jouer pour soi » lors de son début de carrière.
« On est là pour les autres et on prend une autre forme de plaisir ».
Mais après tant d’années, David s’est lassé « du côté administratif qui prend le dessus sur le sportif ».
D’entraîneur à aide-soignant
Il éprouve aujourd’hui le besoin de « faire une coupure » plutôt que de « regarder ma montre pour savoir quand se termine la journée ». Il préfère se consacrer à sa famille. Et à sa reconversion. Il passera bientôt le diplôme d’aide-soignant « car je ne peux pas faire un métier de bureau. Avec moi, il faut que ça bouge ! »
Mais il assure qu’il ne s’agit que d’une « parenthèse ». Le tennis de table, il y reviendra. Et ce sera dans son club. « Le but est de revenir à l’Étoile avec l’envie, peut-être en tant que dirigeant. Mais une chose est sûre, je reviendrai ». Ce n’est donc qu’un au-revoir.