Depuis le 16 décembre, minuit, l’AUAO (Atelier d’urbanisme et d’architecture de l’Ouest) a fait place à la société CMA – Charles Monhée architecte. L’atelier, créé en 1975 et implanté parc d’activités de Cerisé, avait été placé en situation de redressement judiciaire par le Tribunal de grande instance d’Alençon (compétent pour les professions libérales réglementées) le 5 juillet dernier. Un de ses employés a fait une offre de reprise.
Moitié de l’effectif sauvé
Salarié de l’atelier depuis 10 ans, Charles Monhée a refusé de voir son entreprise mourir :
« La conjoncture était mauvaise et le gérant avait des soucis de santé. Une fois la procédure collective ouverte, nous ne pouvions plus répondre aux marchés publics, qui constituaient pourtant 85 % de notre chiffre d’affaires. Je n’ai pas voulu assister à une mort annoncée ».
L’Alençonnais qui a « toujours voulu être patron » a alors décidé de faire une offre de reprise. Un véritable « parcours du combattant » : « Les démarches ont été compliquées, j’ai reçu très peu d’aides et essuyé de multiples refus des banques ». Une seule a accepté de le suivre. Grâce à un apport personnel (qui a financé le montage du dossier), Charles Monhée a pu déposer son offre le 24 octobre. Et, lundi 12 décembre, le TGI a donné son feu vert.
La reprise permet de conserver trois emplois (un architecte, un dessinateur-projeteur et une secrétaire administrative) sur six. « L’effectif n’était plus adapté au volume d’activité. Il était indispensable de comprimer les charges », explique le tout nouveau dirigeant.
Déménagement en centre-ville
Pour faire des économies, Charles Monhée a également choisi de se séparer des locaux ceriséens, trop spacieux : les 320 m2 de bureaux sont à vendre. La société CMA va s’installer dans le centre-ville d’Alençon, rue des Grandes Poteries. Le local commercial sera plus confidentiel (35 m2) et proche de la clientèle de particuliers que le patron souhaite capter. « J’aimerais que l’activité de l’entreprise se divise de manière égale entre public et privé. Il est prudent de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ».
Le natif d’Alençon, « amoureux de sa ville », tient aussi à « être au cœur » de la vie de la cité. Mais, dans un marché atone - « L’Orne ne compte plus qu’une cinquantaine d’architectes » – n’est-ce pas périlleux d’investir ? « En réduisant la voilure, il est possible de continuer », assure Charles Monhée. Et, si la société CMA n’a que quelques jours, ses salariés, eux, ont des années d’expérience et pléthore de références. La restauration de la halle au Blé, le nouveau bâtiment Pôle emploi (à Perseigne), le parvis de la cité administrative (place Bonet) ou encore la construction de logements Sagim à Montsort sont des réalisations de l’AUAO.
Marché avec le groupe Desjouis
Un savoir-faire gage de qualité et d’une certaine notoriété. La toute nouvelle société vient ainsi de décrocher deux prestigieux contrats à Alençon : la rénovation de La Renaissance et du Grand-Cerf, portée par le groupe Desjouis.