La RRAC. Un parfait sabir pour les béotiens. Une révolution pour les professionnels de santé. L’acronyme signifie Récupération rapide après chirurgie. Ou comment permettre aux patients de récupérer beaucoup plus vite après une intervention. Introduit en 1995 au Danemark, le concept est devenu une pratique qui a fait ses preuves. En France, la clinique d’Angoulême a été un des premiers centres à avoir obtenu le label RRAC en chirurgie orthopédique. La clinique d’Alençon veut suivre le même chemin.
Anesthésie « moderne »
Vendredi 21 octobre, un chirurgien orthopédiste et une infirmière coordinatrice de la clinique charentaise ont fait le déplacement à Alençon pour partager leur expérience. « La définition du protocole et sa mise en œuvre ont duré trois ans. Nous allons nous inspirer de leurs pratiques, suivre leurs méthodes, et ainsi gagner du temps », rapporte Pierre-François Bérard, directeur de la clinique d’Alençon. Ce dernier ambitionne de mettre en place la RRAC en orthopédie dès le premier trimestre 2017. Concrètement : un patient, qui par exemple s’est fait poser une prothèse de genou, pourra retrouver son domicile après quatre jours d’hospitalisation, contre huit aujourd’hui.
Comment ? « Grâce à une meilleure prise en charge pré, per et postopératoire, et par l’emploi de techniques chirurgicales et anesthésiques modernes », répond le directeur. Fini l’anesthésie générale. Place à une analgésie multimodale au plus proche de la source. Place, aussi, à d’autres méthodes de rééducation : « Quelques heures après l’opération, le patient se lève. Aujourd’hui, on attend quatre jours ». Une technique brutale ? Dangereuse ? « Non, grâce à ce protocole, on obtient d’excellents résultats, et le risque d’infection est considérablement réduit ». Pourquoi n’est-il pas davantage proposé ?
« Parce que les mentalités ne sont pas prêtes. Nationalement, il y a une réticence importante chez les médecins. Ils considèrent la RRAC comme une hérésie, et se cramponnent à des méthodes qui n’ont pas évolué depuis des années ».
À la clinique d’Alençon, le projet suscite en revanche « l’enthousiasme de l’ensemble du personnel » et une infirmière coordinatrice va être nommée pour gérer la pratique innovante.
« Cette nouvelle procédure permet au patient d’être acteur : par exemple, nous définissons avec lui les modalités de l’anesthésie. S’il est vrai que la RRAC peut bouleverser les habitudes, elle sera synonyme de confort pour l’opéré, et de travail partenarial avec les acteurs locaux – médecins généralistes, infirmières, kinés, aidants… », complète Edwige Étienne, chef de bloc à la clinique d’Alençon.