« On ne cherche pas la grosse pesée pour faire de l’argent ». Voilà comment Patrice Labelle conçoit le commerce, une activité envisagée avec « convivialité et humilité ».
Avec Laurence Grouard, gérante de l’affaire, il veut faire vivre le point multiservices de Bourg-le-Roi.
Une commune du nord-Sarthe, vaste de 36 hectares, la neuvième plus petite commune de France.
Mais grande par l’Histoire et le patrimoine : dans cette cité fortifiée, plane l’ombre d’Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre. Mais Bourg-le-Roi, c’est aussi la broderie au point de Beauvais.
Et 325 habitants, un chiffre stable depuis cent ans. Mais la commune, vaste comme trois parcelles de forêt domaniale, ne retrouvera pas sa population du XIXe siècle (560 habitants) : « ici, il faut concilier immobilier neuf contemporain et patrimoine ancien », confie Philippe Martin, maire.
Travailler
Un maire qui ne conçoit pas la localité sans commerce. « La boucherie fonctionne très bien ». Et puis il y a l’épicerie-bar-restaurant qui a fermé en septembre 2015. La commune n’a pas attendu que la liquidation judiciaire soit prononcée pour trouver un successeur. Déjà propriétaire d’une partie des murs, elle a acquis l’autre partie et fait quelques travaux. Montant de l’investissement : 110 000 €. Mais moins de 25 000 € pour la commune qui fait « une très bonne opération ».
25000€, c’est également le montant des billes mis par le couple qui a démarré l’activité le mardi 25 octobre : « je suis confiant, les clients ont l’air content », ajoute Patrice Labelle qui fut marchand de poulets entre deux expériences dans le bâtiment.
Le mot « travail » fait partie de son vocabulaire. Et de sa vie. Idem pour Laurence Grouard, petite-fille d’épicières, ancienne commerçante au Mans, à Alençon, Mamers et Arçonnay.
Loyer modéré
Sans le concours de la commune, le couple n’aurait pas franchi le pas. Pour Ph. Martin, dans le monde rural d’aujourd’hui, « on ne peut demander aux commerçants d’acheter et de faire les travaux ».
La commune percevra chaque mois un loyer net de 400 €. Bien entendu, l’objectif n’est pas de faire du business mais « c’est une volonté politique. Nous avons opté pour un loyer le plus bas possible pour leur donner toutes leurs chances afin de préserver le commerce dans sa globalité et de manière durable ».
À entendre le maire, le commerce peut vivre. Peut-être parce que Bourg-le-Roi n’est pas trop près de l’agglomération alençonnaise. Peut-être parce qu’alentour la vie commerciale s’éteint.
Sérénité
Reste à la population de ce bourg aggloméré à jouer le jeu. Le couple propose plusieurs services (épicerie, pain, bar, restaurant, tabac, presse, loto bientôt…) et son enthousiasme serein. « À nous aussi d’aller chercher la clientèle » ajoute Patrice Labelle, pendant que Laurence Grouard prépare le repas du midi, à12,90 €.
À 53 ans, le challenge est beau. Tous deux travailleront six jours sur sept. Mais « dès l’instant que vous avez du monde… ». Et que le monde rural se retrouve en un lieu qui marie commerce des champs et service au public… On sent d’ailleurs le couple à l’affût de toute opportunité pour élargir la palette.
JMF
L’Olivier, 13 Rue du Point de Beauvais, 72610 Bourg-le-Roi.02 33 26 68 75.
Restaurant ouvert du mardi au samedi, le midi, et le vendredi soir. Fermé le dimanche et le lundi.
Bar ouvert les mardi, mercredi et jeudi de 8h à 20h, le vendredi et le samedi de 8 h à minuit, le dimanche de 8h à 13h et de 16h à 20h.
Épicerie ouverte du mardi au vendredi de 8h à 12 h 30 et de 15 h 30 à 20h, le samedi de 8h à 20h, le dimanche 8h à 13h et de 16h à 20h.