« Ce serait bien de ne pas se retrouver ici dans deux mois ».
Ce lundi 31 octobre, il fait beau sur la ville et les bords de la Sarthe s’embellissent. Grâce à Stephan Benoit et une équipe de huit personnes qui a répondu à son appel.
« Ce pont a une histoire, il faut le mettre en valeur ». Une histoire qui « me tient à cœur » confie cet ancien Parisien, Alençonnais depuis cinq ans.
Alençon, il aime, en particulier ses pierres et sa rivière.
Et il s’est même intéressé à son Histoire.
Trait d’union
Notamment celle de ce pont de Sarthe, entre les quartiers Saint-Léonard et Montsort, là où il y a 145 ans environ, Louis Martin et Zélie Guérin se sont rencontrés pour la première fois avant de donner naissance à Thérèse, la future sainte devenue internationalement connue.
Et des pèlerins du monde entier viennent à Alençon : à la maison natale, à la basilique, et sur le pont de Sarthe du haut duquel ils peuvent admirer le ruban aquatique que forme la rivière mais également ses déchets : bouteilles, cageots, seringue, etc.
« Il faut agir »
Stephan Benoit a beau être athée, il croit au tourisme (religieux ou non) malheureusement pollué par cet environnement.
Sans attendre tous les feux verts, la tâche a été effectuée le lundi 31 octobre par une dizaine de personnes (dont Christopher) et avec le concours de l’enseigne Leclerc, pilote d’une opération nationale « Nettoyons la nature », qui fournissait gants, chasubles et victuailles pour le pique-nique au bord de l’eau. Avec le concours également de la fédération ornaise de pêche, qui a prêté deux petits bateaux.
Une telle entreprise suppose de vaincre l’inertie mais « à un moment donné, il faut agir ».
Restrictions
Lundi 31 octobre, il s’est donc mis au boulot. Non sans difficulté car la Ville d’Alençon l’encourage sur le papier mais lui rappelle, dans un courrier signé d’un « administratif » et non d’un élu, qu’il doit se contenter de ramasser « ce qui constitue réellement des déchets, à savoir canettes, bouteilles, emballages et ferrailles de petite taille ». Apparemment, les ferrailles de grande taille ne sont pas des déchets.
Il lui est interdit d’enlever les « branches, troncs ou végétation implantée sur les murs, ouvrages ou berges ». Cela incombe aux propriétaires riverains ou au syndicat gérant la rivière.
« Débrouillez-vous »
Et puis le produit de la collecte devra être acheminé en déchetterie, après tri. La Ville ne mettra pas de camion à disposition. En résumé : « c’est bien mais débrouillez-vous ». Ou « démerdez la rivière et démerdez-vous ». Est-ce cela « encourager la citoyenneté ? ».
Lundi après-midi, des sacs bleus, jaunes et verts ont été acheminés par les nettoyeurs dans leurs véhicules personnels.
« J’ai dû refuser du monde », conclut S. Benoit. Du monde qui ne sera pas de trop si l’action citoyenne est renouvelée et même étendue. Avec ou sans feu vert. Car les bords de Sarthe font partie de ces endroits qui ont « plein de choses à dire et qu’on néglige ».