Alençon/Le Mêle/le Perche ouvert en juin 2010, Pré-en-Pail/Couterne en cours de réalisation, Les Mées/Chérancé au printemps prochain… Reste un chaînon manquant : Alençon-Pré-en-Pail, actuellement sur le quai.
Longue de 28 km, et même si l’altitude n’est que de 330 mètres à La Lacelle, cette voie ferrée fut la plus élevée de l’ouest du territoire français. Une information qui appartient à l’Histoire puisque cette ligne ouverte en septembre 1880 a vu ses derniers trains de marchandises circuler en août 2008. Le dernier utilisateur fut l’entreprise Masdac de Pré-en-Pail. La voie n’était plus entretenue et la sécurité des convois était en péril. Depuis, les ronces ont conquis l’espace, sans affronter la moindre résistance. La plateforme est devenue une jungle, même si ce n’est pas l’Amazonie profonde.
Département « prêt »
Que va devenir la voie, propriété de SNCF Réseau, gestionnaire du réseau ferroviaire français ? Contrairement à une rumeur, pas un morceau n’a été cédé. Seules les maisonnettes de garde-barrière ont été vendues.
Oui mais qu’attend-t-on ? Eh bien, selon Alain Lambert, président du Conseil départemental, « cela avance ». Mais encore ? « La SNCF a changé sa procédure : avant, elle cédait l’assiette et chaque commune traversée avait son droit de préemption propre. Un enfer. Désormais, ce sont des baux de 99 ans, et ils pourront être consentis directement aux Départements. Nous sommes entrés dans cette logique. Maintenant, il faut qu’au sein de la grande maison SNCF les choses sortent ».
Conclusion : « Nous sommes prêts et nous relançons régulièrement ». Car la voie, inutilisée depuis huit ans, n’est toujours pas déclassée.
Élus locaux OK
Tournons-nous maintenant vers SNCF Réseau. Ce lundi 24 octobre, nous attendions toujours une réponse, malgré plusieurs appels.
Particularité : la voie concerne deux départements et deux régions. Et deux directions de SNCF Réseau.
Et sept communes. Avantage : les six communes ornaises sont toutes membres de la Communauté urbaine, qui s’est dotée de la compétence Tourisme depuis janvier dernier. « Département et Communauté urbaine semblent tirer dans la même voie », se réjouit Michel Julien, maire de Saint-Denis-sur-Sarthon.
Et à Pré-en-Pail ? « On y est favorable », répond Denis Geslain, maire. Sur cette commune, avait été envisagé de transformer l’emprise en route bitumée aux allures de contournement sud de la ville mais « il n’en est plus question ». La plateforme attend donc la voie verte.
Allô, SNCF Réseau ?
Bon, alors… c’est pour quand ? Les collectivités sont prêtes, même s’il faudra trouver une clé de financement : de l’investissement (1) puis du fonctionnement. Elles semblent prêtes à jouer les locomotives. Reste à bouger SNCF Réseau qui donne l’impression d’encombrer la voie. En Mayenne, la SNCF n’a toujours pas donné son feu vert pour l’enlèvement des traverses (lire ci-dessous). Dans l’Orne, la SNCF s’est davantage empressée pour céder la gare de Sées.
Bon wagon
Le projet, élément d’une toile d’araignée, présente un intérêt touristique majeur pour le pays d’Alençon, qui n’a pas raté le train, contrairement à une légende tenace, et qui n’a pas envie de louper le wagon du tourisme vert.
Aussi, on espère ne pas devoir attendre plusieurs années avant de voir, sur le sable compacté, des chaussures, des pneus (de vélos) et des sabots succéder au temps lointain des escarbilles et des fumées.
JMF
(1) Alençon-Condé-sur-Huisne ayant coûté 4 millions pour 67 km, on peut penser qu’Alençon/Pré-en-Pail coûterait 1,7 million.
