« La présidentielle n’est pas perdue, à la condition que nous soyons tous unis ». L’objectif était clairement affiché, jeudi 27 octobre, lors d’une réunion publique organisée par la Fédération de l’Orne du PS (salle de la Prairie, Saint-Germain-du-Corbéis) : remobiliser les troupes, à six mois de l’élection présidentielle. Yves Goasdoué, maire de Flers et député de la 3e circonscription de l’Orne, a défendu le bilan du gouvernement devant deux de ses membres : Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole ; et Clotilde Valter, secrétaire d’État auprès du ministre du Travail, chargée de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (Emmanuelle Cosse, ministre du Logement qui devait initialement participer à la réunion, a été retenue à Paris).
Auto-satisfecit
« Avons-nous failli ? Non ! », a clamé l’élu ornais. La justice ? « Elle n’a jamais été aussi indépendante ». La retraite ? « Nous avons redressé le système en prenant en compte la pénibilité du travail ».
Un auto-satisfecit complété par Joaquim Pueyo, député-maire d’Alençon : « Le déficit national a été réduit, et les effectifs des administrations fondamentales ont été renforcés ». L’élu alençonnais refuse de voir la gauche « balayée » au printemps 2017 : « La droite reprend les idées de Reagan ou Thatcher. Des idées ringardes et dangereuses, qui aggraveront la fracture qui se creuse entre les Français ». Pour l’emporter, le député-maire exhorte à « assumer les valeurs de gauche » : « Quand on est de gauche, on a dans nos cœurs l’humanité ».
Face à 200 personnes, Clotilde Valter est ensuite grimpée sur l’estrade pour dire sa « fierté » quant aux textes votés à l’Assemblée nationale pendant le quinquennat. Avant de laisser la place au porte-parole du gouvernement : « Nous avons pris des engagements, mais la réalité nous a forcés à nous adapter, à réagir », concède-t-il, d’emblée.
Citant Jaurès, Blum et Mitterrand, Stéphane Le Foll s’est fait le chantre de l’Europe : « Mitterrand a choisi le projet européen, nous sommes ses héritiers, on ne doit pas renoncer, nous devons revendiquer le fait d’être européen, l’Europe doit continuer à exister ». Et de faire allusion à Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, des « excités » a la voix « forte » qui « menacent de faire exploser le projet européen » : « Pour sortir de la crise il faut sortir de l’Europe, disent-ils. Être donc seul face au monde entier ? Est-ce comme ça qu’on va s’en sortir ? ».
« Socialiste jusqu’au bout »
Le ministre a lui aussi conclu en invoquant les valeurs de gauche – « On sera socialistes et républicains jusqu’au bout ! » – face à public debout, galvanisé.
Dans la salle, quelques déçus, toutefois : « Et l’agriculture ? On n’en parle pas ? Le prix du lait n’est pas rémunérateur, celui de la viande non plus. Les paysans souffrent ». Dans l’Orne, terre d’élevage, la colère gronde et la misère sévit. Mais pas un mot sur le sujet.