Émotion, jeudi 20 octobre 2016 à Vingt-Hanaps. Les clients se sont bousculés. À la fermeture, il ne restait plus un quignon de pain, et plus la moindre pâtisserie.
Trop tard. Valérie Hégo et Christian Vandelanoote avaient décidé, trois jours plus tôt, de baisser le rideau.
Manque de clients
Pourtant, au début du printemps, ils étaient arrivés d’Alsace, pleins d’enthousiasme. « On y a mis tout notre cœur », assure Valérie. « On était salariés. On avait répondu à une annonce sur le Bon coin » explique Christian qui ajoute : « il faut un vivier de 1 000 habitants, soit 200 clients par jour, pour tenir ».
Or, « le nombre de clients oscillait entre 60 et 90 le dimanche ». Soit un chiffre d’affaires d’environ seulement un tiers de celui prévu.
Explication : « toute la population locale n’a pas joué le jeu, les gens achètent leur pain à Alençon, certains n’ont pas apprécié que la commune nous aide en achetant du matériel, on n’a pu fournir l’école et la maison d’accueil « les Mézières », ni ouvrir un distributeur à Larré, etc. ».
Le couple ne s’y retrouvait pas mais envisageait de poursuivre néanmoins jusqu’au printemps. Histoire de faire une année complète.
Client nuisible
Mais « on a décidé de partir d’un seul coup ». Trois jours avant de fermer. Explication : « une personne n’a pas payé ses factures (225 €) et a fait des réflexions désagréables ». Exemple : « Vous êtes des incompétents. Vivement que vous fermiez ». Cela dit « devant un client » qui confirme. Cette personne est un professionnel qui exigeait notamment une remise de 20 %. La commerçante faisait 15 % alors que dans la profession c’est plutôt -10 %.
Mais qui est cette personne ? Valérie ne veut pas que son nom et sa fonction soient mentionnés. C’est son choix.
Des acheteurs qui se lamentent
Durant les trois derniers jours, « on a vu des nouvelles têtes ». Trop tard, donc. Les acheteurs se lamentent : « ils faisaient du bon pain au feu de bois, sans additif. Valérie affichait toujours le sourire. Elle était aimable. Le pain était de super-qualité ».
Que vont devenir les commerçants ? « On ne sait pas ». Leur statut fait qu’ils n’ont droit à rien. Et ces quadragénaires ont deux enfants. Redevenir salariés ? C’est possible.
Dans ce contexte, peut-il y avoir une boulangerie à Vingt-Hanaps, commune qui voit ce commerce ouvrir et fermer, depuis plusieurs années ? « Ce n’est plus viable ».
Surtout si tout le monde ne tire pas dans le même sens. Et chasse le commerçant.
JMF
■ Si quelqu’un peut leur venir en aide et proposer un emploi de boulanger : 06 04 47 42 60.