« Et pourquoi pas ? ». Voilà ce que répond Jacky Louveau quand on lui demande pourquoi il s’est pris de passion pour la mécanique.
Depuis bientôt quatre ans, il est à la tête du dernier garage du centre-ville d’Alençon. Le garage de Lancrel existe depuis « au moins 1952 ». Un Monsieur Leprince était aux manettes. Il employait onze personnes. Sans doute le Leprince qu’on voit sur la publicité murale peinte au nord d’Alençon. Car ce garage a porté les couleurs de Simca. « De Fiat-Polski également», précise Jacky Louveau.
De la campagne à la ville
Un homme qui a tenu, vingt-deux ans durant, un garage à Colombiers, le long de la D26. Mais « le mode de consommation évolue. Les vidanges ne se font plus tous les 5 000 kilomètres mais tous les 20 000… Les concessionnaires vendent des contrats d’entretien, etc. ».
Avant qu’il y ait de la casse, il fallait réagir. L’occasion s’est présentée avec le garage de Lancrel, qui permet de « se rapprocher de la ville » et de son potentiel.
À l’âge de 52 ans, J. Louveau a donc franchi le pas et racheté murs et fonds de commerce.
Certes, il existe des problèmes de stationnement et d’exiguïté mais l’homme fait avec. L’extension du bâtiment en parpaings peints en blanc, couvert de tôle ondulée, est inenvisageable : « on est à l’étroit mais on s’organise en conséquence ». Aussi, les véhicules ne restent pas longtemps au garage.
Pour tous
Mais qui est client ? « Toute personne qui a un besoin. Il n’existe pas de critères de sélection ». On vient pour une batterie à plat, un pneu foutu, une boîte de vitesses au point mort, un bitoniau de lève-vitres à l’agonie, un pare-brise qui a volé en éclats, etc.
Toutes sortes de voitures entrent et sortent. Y compris une Ferrari et une Corvette (rouges) ou une Porsche jaune : « la mécanique reste de la mécanique ». Exemple avec cette Renault Juva 4 qui attend de retrouver une nouvelle jeunesse.
L’atout de la maison ? La proximité. L’honnêteté aussi. Pas question de vous vendre quelque chose d’inutile. Et puis il y a l’accueil : « une affaire ne vaut que par les gens qui sont dedans ».
Les gens ? Valérie, son épouse, comme secrétaire, et Anthony le mécanicien qui met les mains dans le cambouis : « un bon jeune de 27 ans » qu’il couvre d’éloges.
Et l’évolution de la technologie ? « On s’en arrange. Il y a le matériel, des formations… ».
Jusqu’à quand existera ce garage ? « Tant qu’il répondra à un besoin », répond l’homme de caractère qui aime son métier et sa clientèle. Et qui apprécie la carte postale de Dordogne envoyée par un couple de Néerlandais dont le camping-car a dû passer deux jours non prévus à Alençon.
Sur leur route, les habitants du centre-ville (et d’ailleurs), ainsi que les gens de passage, devraient trouver encore longtemps ce garage qui a la chance d’exister depuis au moins six ou sept décennies. Car en créer un serait peut-être une autre paire de manches.
JMF
